Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'est recueilli à Douaumont (Meuse) au Mémorial des combattants musulmans morts lors de la Bataille de Verdun. Le geste était d'autant plus apprécié qu'il a eu lieu en dehors du calendrier officiel des commémorations. C'est peut-être aussi pour marquer la mémoire de son grand-père qui fut tirailleur algérien que le ministre de l'Intérieur, chargé des cultes, s'est rendu à Douaumont où il s'est recueilli devant les tombes de soldats musulmans de la Grande Guerre de 14-18. Il a salué l'action des aumôniers militaires en disant qu'il n'y a pas «d'incompatibilité à croire et à être Républicain», selon les termes devenus répétitifs ces derniers mois dans la bouche des responsables politiques. Il a rappelé que «la République ne préfère pas une religion et ne combat pas une religion. (...). Cette laïcité nous permet de vivre libres et de vivre ensemble». Il a également affirmé au sujet des soldats musulmans (d'Afrique du Nord et d'Afrique occidentale française) que leur «sacrifice nous engage tous». Il a remis l'accent sur les victimes «mortes pour la France» : «Ils étaient aux côtés de leurs frères d'armes au service d'une même cause. Ils portaient avec honneur l'uniforme français. Ils sont morts pour la France et nous sommes là pour honorer leur sacrifice et leur souvenir. Heureusement que la France n'a pas compté que sur la France de l'Hexagone pour rester libre. Ils venaient souvent du soleil, celui de l'Algérie, de la Tunisie, du Maroc, mais aussi du Sénégal ou du Mali, en fait des quatre coins du monde, et ils sont morts ici, à Verdun, souvent dans le froid et dans la peur.» Reliant son propos à l'actualité, il devait dire : «Ces hommes sont des héros et des repères pour tous les Français, pour notre jeunesse parfois en proie à une perte de sens, pour tous les Français qui pourraient croire qu'ils n'ont pas leur place dans la République.» Rejetant «tout dévoiement de l'esprit de la République», «un dévoiement insidieux», il insista pour rappeler que «les combattants musulmans ont fait notre histoire, ils sont notre histoire. La France, la patrie leur doit une dette éternelle, celle du sang versé et du sacrifice consenti». Il a bien évidemment évoqué son grand-père Moussa Ouakid qui a combattu pendant la Seconde Guerre mondiale. Présent aux côtés du ministre, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Mohammed Massaoui, a mis l'accent sur le fait que, «l'immense majorité des musulmans de France veulent pratiquer leur religion en paix et dans l'indifférence plutôt que de susciter sans cesse le débat public». Lyon / De notre correspondant Walid Mebarek