A la veille de la rencontre gouvernement-walis, consacrée, entre autres, à l'évaluation des étapes de la mise en œuvre du développement des zones d'ombre, le président Abdelmadjid Tebboune a voulu marquer les esprits en mettant fin aux fonctions de quatre chefs de daïra et autant de présidents d'Assemblée populaire communale (P/APC) pour «abus de confiance dans la réalisation de projets destinés aux zones d'ombre». Ces maires, selon le chef de l'Etat, seront soumis à enquête pour leurs agissements qui, a-t-il dit, «portent atteinte à tort aux citoyens». Il faut dire que c'est la première fois dans les annales de l'Algérie qu'un président de la République suspend des présidents d'APC. Il n'est pas, selon des juristes, des prérogatives du chef de l'Etat de limoger un maire élu et non désigné ! Un P/APC ne peut être suspendu que par l'administration ou suite à une décision de justice. Pourquoi le président Tebboune a-t-il agi de la sorte ? S'agit-il d'un avertissement pour les autorités locales ? Une opération mains propres ? Ou une parade à la veille d'une rentrée sociale explosive ? Ce sont autant de questions que se posent nombre d'observateurs de la scène politique. Hier face aux walis, M. Tebboune a mis en garde les responsables locaux qui n'appliquent pas et ne respectent pas les orientations du gouvernement et refusent surtout d'apporter des réponses aux besoins des populations de ces zones enclavées. Il a expliqué que les décisions de mettre fin aux fonctions de ces responsables locaux représentent «le début» d'un processus consistant à exiger des comptes à ceux qui ont fait montre de «passivité» en matière de prise en charge des préoccupations et des problèmes des citoyens dans les zones d'ombre. «Des décisions partielles ont été prises (…) pour mettre fin aux fonctions de certains responsables locaux. Il ne s'agit que d'un début, car nous tiendrons pour responsables tous ceux qui ne parviennent pas à prendre en charge et résoudre les problèmes des citoyens», a menacé le Président à l'entame des travaux de la rencontre gouvernement-walis. M. Tebboune n'arrive pas, dit-il, à expliquer ni à comprendre comment en 2020 et malgré le mouvement du «hirak béni» et toutes les décisions prises par l'Etat pour soulager le quotidien des citoyens, «des images horribles, dont se plaignaient les citoyens ces dernières années, persistent et font les unes». Pour le Président, il s'agit là des résidus de la «îssaba». «Ces comportements constituent une continuation du discours négatif prôné par la bande.» Notons qu'outre les chefs de daïra et les maires, le président Tebboune a également limogé les responsables en charge des secteurs du logement et des travaux publics dans les daïras de Faidh Batma, Ouled Abdelkader et Ouled Derradj (M'sila) ainsi que le premier responsable des ressources eau dans la daïra de Ramka (Relizane). Les décisions de limogeages ont été signées le 8 août et concernent les chefs de daïra : Nadia Nabi, cheffe de daïra de Ouled Abdelkader dans la wilaya de Chlef, Mahmoud Ghrieb, chef de daïra de Faidh Batma dans la wilaya de Djelfa, Reda Khider, chef de daïra d'Es Senia dans la wilaya d'Oran, et Fethi Belmostefa, chef de daïra de Ramka dans la wilaya de Relizane. Pour les maires, il s'agit des présidents d'APC des communes de Sidi Chahmi dans la daïra d'Es Senia, de Souk El Had (daïra de Ramka), Ouled Abdelader (Chlef) et Oum Laâdam dans la daïra de Faidh Batma.