Dans une société, où le tissu civique s'est déchiré depuis longtemps, les peurs et les crispations devant l'avenir sont encore plus accentuées du fait qu'il est plus ardu d'affronter le futur sans une puissance publique avérée. On sait que parmi les entités, qui ont participé à la curée générale, on compte une bonne proportion d'associations à caractère politique ou partis, qui s'affichaient en qualité de courants politiques et idéologiques censés être des contre-pouvoirs, avec l'ambition d'accéder un jour à la magistrature suprême. On ne peut pas dire qu'ils ont suscité un quelconque mouvement d'enthousiasme au sein de l'opinion. Le constat est qu'ils n'ont été ni du présent, encore moins de l'avenir. Rien que des alibis, des faire-valoir et des comparses ne possédant pas un courant propre, mais suivant, tel un naufragé, le courant du dominant, épousant même son programme qui, finalement, n'en était pas un, puisqu'il a conduit inéluctablement au naufrage annoncé. A cause de son caractère liberticide, sa collusion avec une oligarchie préfabriquée et factice, son autoritarisme effréné et son dirigisme pervers, saupoudré de vieilles recettes de populisme. Ceci a donné l'impression d'une nation émiettée, face à une opinion publique qui n'a rien connu d'autre que l'emprise de l'Etat, dépourvu, volontairement, du contrôle des contre-pouvoirs, qui ont été mis sous l'éteignoir. Ceci a abouti au désastre que l'on sait. La classe politique, si c'en est une, a lamentablement échoué parce qu'elle n'a pas joué son rôle historique ! Dans sa majorité, elle a préféré s'atteler au char du pouvoir déchu, dont elle a été le soutien et le complice. Ces partis, surtout ceux de l'allégeance, géants en carton, béquilles du pouvoir, de par leur comportement négatif, ont asséché le sentiment d'adhésion à la politique, au sens noble du terme, et en sapant le besoin d'appartenance à la collectivité. Ces postures des partis, chasses gardées, peu ouverts sur la société, ont contribué, au sein de l'opinion, au désintérêt et à la désaffection de la chose politique. L'échec de ces partis, où on cultive plus le sens de la famille, des affaires et des clans, que celui de la société, fait qu'ils étaient perçus plus pour leur alignement aux pouvoirs successifs qu'à leurs calendriers d'activités étriquées. Sans parler des groupements lilliputiens, les plus connus étaient taxés de khobsistes, opportunistes, clientélistes et parfois d'intrigants, qui font dans l'exclusion en créant une pénurie d'avenir. On en est arrivé à des situations plutôt cocasses. Cela ne signifie pas que cela fasse rire. Au contraire, ce serait plutôt à pleurer ! Le président d'un parti microscopique, contesté par ses pairs, n'a-t-il pas eu la fatuité de déclarer, avec dédain, que «même avec une participation de 5% de l'électorat, on gouvernera» ? Comment interpréter cette attitude grotesque, si ce n'est un appel du pied pour un strapontin, au mépris de tout un peuple ! Un autre chef de cette «confrérie» maffieuse n'a-t-il pas annoncé, toute honte bue, que son parti était encore là pour cent ans ? Face à leur gestion inique, alors qu'on lui contait des bobards, le peuple s'est réveillé, abasourdi, par des «comptes» incroyablement hallucinants par leur ampleur, qui se sont terminés immanquablement par des cauchemars. Ces «souteneurs» en col blanc, qui sont loin d'être des exemples de probité, encore moins de vertu, se trouvent en majorité sous les verrous. Mais on constate, ici et là, des velléités de continuité de l'ordre ancien, que l'opinion a pourtant définitivement condamné et voué aux gémonies. Il s'agit, désormais, de passer à autre chose, avec un autre paradigme, un autre personnel, immunisé contre la bureaucratie, ayant le souci national et le sens de l'intérêt général, qui a été tant malmené et tellement laminé ! L'Etat, en partie défait, ne doit pas être refait sur les décombres d'un système retors, adepte de prédation et de rapine. La communauté reste toujours suspendue à ses espérances. Un Etat fort, dans une société harmonieuse et apaisée, avide de justice sociale et d'égalité devant la loi, avec des femmes et des hommes à la hauteur de la nation, unie, retrouvée, consciente et prête face aux multiples et complexes enjeux, auxquels elle doit faire face. Comme les mêmes causes produisent les mêmes effets, la stabilité et la prospérité ne viendront, sûrement pas, des fabricants d'échecs ou de ceux qui leur ressemblent.