La 35e édition de la Mostra de Valencia, Cinéma méditerranéen, qui aura lieu du 22 octobre au 1er novembre 2020, a programmé un cycle appelé «Les batailles d'Algérie», afin de poser cette année un regard sur un pays en plein essor, dont le cinéma est considéré comme un outil qui peut donner une leçon précise sur le fléau de la corruption et des inégalités, en faisant en sorte que son cri touche un public plus large. «Si les années précédentes nous nous sommes concentrés sur la nouvelle fiction palestinienne ou les cinéastes égyptiens contemporains, nous prenons cette fois conscience de la situation actuelle en Algérie, à travers une série de titres récemment produits qui démontrent une fois de plus l'engagement du cinéma dans ces pays», a souligné Eduardo Guillot, directeur artistique du festival. La «Révolution du sourire» a changé l'Algérie de telle manière que le cinéaste Karim Aïnouz a abandonné son idée de faire un film sur son père pour descendre dans la rue et documenter les manifestations non violentes du hirak. Il y rencontre Nardjes Asli, une activiste qui lutte pour faire entendre sa voix à travers une résistance créative. La caméra d'un smartphone contourne l'interdiction de filmer les manifestations et l'accompagne dans les rues le 8 mars 2019, Journée internationale de la femme, alors qu'elle marche et chante avec les autres manifestantes, en nous plongeant dans l'expérience du partage du voyage avec elle. Le résultat choquant est intitulé Nardjes A. Une journée dans la vie d'un manifestant algérien. Le film a eu sa première mondiale au Festival de Berlin, le dernier festival international qui se tenait normalement avant la pandémie mondiale, et sera vu pour la première fois en Espagne dans le cadre de la Mostra de Valencia. Ce n'est pas la seule première du cycle, puisque Let Them All Go, (Qu'ils partent tous), de la cinéaste algéro-canadienne, Sara Nacer, nous conduit à travers son documentaire aux origines du mouvement historique de réponse populaire. En plus de montrer des images des manifestations, le film contextualise la révolution sur un plan social et politique, donnant la parole aux différents militants et citoyens, révélant au spectateur une génération qui veut construire son pays d'une manière différente. Le cycle comprend aussi des titres tels que Les Bienheureux, de la cinéaste Sofia Djama, qui faisait partie du jury de Mostra de València en 2019 et qui propose un portrait inquiétant d'Algériens vivant les effets de la guerre civile, montrant comment le conflit de guerre a transformé les attentes ou même influencé les priorités d'un peuple inerte et bloqué aujourd'hui. Egalement En attendant les hirondelles, du réalisateur Karim Moussaoui, qui se concentre sur trois histoires mettant en vedette un nouveau riche, une jeune femme et un neurologue très ambitieux, qui servent à réfléchir sur le passé et le présent de l'Algérie. Trois territoires, trois générations et trois classes sociales différentes pour aborder l'histoire actuelle de l'Algérie. Par ailleurs, le cycle reviendra également pour replacer l'histoire récente de l'Algérie dans son contexte et retrouvera la version restaurée de La bataille d'Alger, chef d'œuvre du réalisateur italien Gillo Pontecorvo, qui a remporté trois nominations aux Oscars et le Lion d'or au Festival du film de Venise. C'est un des meilleurs films sur la guerre d'Algérie qui montre d ́une manière forte comment le peuple Algérien s ́est sacrifié pour «l'indépendance», mettant ainsi fin à la phase coloniale de son histoire. Le film a une bande originale d'Ennio Morricone et a été tourné en 1966, mais il a été interdit en France jusqu'en 1971, tandis qu'en Espagne, il a été censuré par le ministre de l'époque Manuel Fraga et n'est sorti en salles qu'en 1978. Aujourd'hui, il est considéré comme un classique du cinéma politique.