Le long métrage documentaire Nardjes A., Une journée de la vie d'une militante algérienne du réalisateur algéro-brésilien Karim Aïnouz sera projeté à la 70e Berlinale, qui s'est ouverte jeudi soir dans la capitale allemande, ont annoncé les organisateurs du Festival international du film de Berlin, sur leur site Internet. Présenté en avant-première mondiale dans la section «Panorama» (hors compétition), ce film aborde le Hirak pacifique ou «La révolution du sourire» des Algériens, à travers le quotidien de la militante Nardjes Asli, dans les rues d'Alger. Le Hirak, qui souffle aujourd'hui sa première bougie, a commencé le vendredi 22 février 2019, par la volonté de millions d'Algériens sortis dans les rues d'Alger, et des autres villes du pays, manifester leur rejet d'un cinquième mandat de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika et réclamer un Etat démocratique, fondé sur le droit, bannissant la corruption et consacrant la souveraineté du peuple algérien. D'une durée de 80 minutes, Nardjes A., Une journée de la vie d'une militante algérienne est une coproduction entre l'Algérie, l'Allemagne, le Brésil, la France et le Qatar. Pour rappel, un montage brut du documentaire intitulé initialement Nardjes, Alger, mars 2019, avait été projeté le 1er septembre dernier, lors de l'atelier de post-production «Final Cut» à la Mostra de Venise 2019. Karim Aïnouz, né le 17 janvier 1966 à Fortaleza (Brésil), est un réalisateur et artiste visuel brésilien, d'origine algérienne, par son père (sa mère est brésilienne). Il a produit et réalisé une quinzaine de films dont Le ciel de Suely, La falaise argentée ou La vie invisible d'Euridice Gusmao primé en 2019 au Festival de Cannes dans la catégorie «Un certain regard». En 2008, il a réalisé Alice, une série de treize épisodes pour HBO Amérique latine. En tant que scénariste, il a notamment collaboré à Avril brisé de Walter Salles (2002), d'après le roman de l'écrivain albanais Ismaïl Kadaré. En tant qu'artiste visuel enfin, son travail a notamment été exposé à la Biennale du Whitney Museum de New York. Cet architecte de formation et photographe a grandi au Brésil, vécu trois années en France, puis à New York, avant de s'établir à Berlin. Il est venu pour la première fois en Algérie, en 2019, avec le projet de tourner Algerian by Accident, un essai autobiographique, une sorte de road-movie en forme d'exploration de ses propres racines algériennes et l'héritage de la lutte pour l'indépendance contre la domination coloniale française. Mais les manifestations en Algérie avaient débuté une semaine après son arrivée… Dans un article publié par Screen Daily, Karim Aïnouz explique que tout cela avait un «double sens» pour lui, «alors que le Brésil se fondait littéralement en quelque chose d'horrible avec le gouvernement [du président] Bolsonaro, je suis arrivé dans ce pays, qui est supposé être mon deuxième pays, à quelque chose de vraiment beau, des jeunes dans les rues, marchant un vendredi, luttant pour la démocratie. C'était presque comme une sortie d'un scénario épouvantable ou génial». La 70e Berlinale se poursuit jusqu'au 1er mars avec 18 films en compétition pour l'Ours d'Or, la plus haute distinction de cet événement considéré comme l'un des plus grands rendez-vous cinématographiques dans le monde. Kader B.