Trois jours après la signature d'un accord de paix entre le gouvernement soudanais de transition et cinq groupes rebelles du pays, un autre accord a été paraphé, jeudi 3 septembre, entre le Premier ministre de la transition et Abdelaziz Al Hillu, chef de l'un des plus importants mouvements armés, rapporte la radio publique française RFI, sur son site internet. Cette déclaration proclame des principes tels l'engagement pour le respect de la diversité ethnique et religieuse, la règle démocratique pour tous et surtout la séparation de la religion et de l'Etat, autrement dit la consécration de la laïcité. Il reste certes encore du chemin à parcourir, mais le socle démocratique est prôné pour un nouveau Soudan laïc, démocratique et fédéral. Ce principe de la laïcité sera inscrit dans une nouvelle Constitution. Ces accords sont qualifiés d'«historiques», étant l'événement le plus marquant depuis la chute de l'ex-général islamiste Omar El Béchir, qui a accédé au pouvoir en 1989, à la suite d'un coup d'Etat. Ce dernier a instauré une dictature islamiste. Récemment, le ministre soudanais de la Justice a annoncé l'abandon de toutes les lois violant les droits de l'homme, dont la loi qui régentait la façon de s'habiller des femmes en public. L'Algérie doit s'en inspirer pour prendre clairement et définitivement le cap de la laïcité pour s'immuniser contre toute dérive théocratique et totalitaire. C'est la seule voie pour se mettre sur le chemin de la modernité et du développement économique, culturel, social et sociétal. L'instrumentalisation de la religion coûte cher. Les résolutions du Congrès de la Soummam, le 20 août 1956, ont explicitement énoncé que l'objectif de la Guerre de Libération était l'instauration d'une République laïque et démocratique et non pas d'une théocratie. La rencontre historique de la Soummam a donné naissance à un projet démocratique, moderne et laïc. Il n'y a pas de démocratie sans la laïcité. Mais cette dernière est souvent mal comprise, en étant confondue avec l'athéisme. La laïcité protège la religion de toute instrumentalisation politicienne et constitue un rempart de la démocratie. Aucune théocratie n'est un modèle de développement. Depuis l'accès au pouvoir de l'ayatollah Khomeini, en 1979, la théocratie islamiste d'Iran est loin d'être un modèle de développement économique ou démocratique. Le régime islamiste a accédé au pouvoir démocratiquement suite à un référendum, puis la caste dirigeante a bâti un système politique qui ne laisse aucune place à la démocratie. Les droits des citoyens, notamment ceux des femmes, sont bafoués. C'est ce que voulaient les islamistes en 1991 en Algérie : accéder démocratiquement au pouvoir pour ne plus jamais le quitter par la suite. La suite est d'ailleurs connue : le peuple algérien a payé un lourd tribut durant la décennie sanglante des années 1990. Plus jamais ça !