La coalition de centre gauche, guidée par l'ancien président de la Commission européenne, Romano Prodi, était loin de s'attendre à une victoire aussi écrasante dans les élections administratives qui se sont déroulées dimanche et lundi derniers. Plus de 41 millions d'Italiens ont eu à choisir les présidents des 13 régions, de 2 provinces et de 366 communes. La gauche a remporté plus de 53% des voix, passant nettement en tête de liste, dépassant ainsi les partis de droite en course. Ce vote, qui représente en Italie un véritable ballon d'essai et un solide critère indicatif pour les élections politiques qui se dérouleront l'année prochaine, a porté un sérieux coup au moral de la coalition de droite. Le leader de l'Union, appellation donnée au regroupement des démocrates de gauche, du mouvement des Verts et autres partis de gauche, a affirmé, dès l'annonce de l'issue du vote : « Avec ce vote, les Italiens nous demandent de nous préparer à gouverner pour faire prospérer le pays. » Il faut dire que M. Prodi, surnommé le Professeur, en signe de mépris pour son adversaire Berlusconi, a eu droit à une belle revanche avec ce scrutin. N'avait-il pas riposté à la boutade du chef du gouvernement, « s'il m'appelle le Professeur, c'est qu'au fond il reconnaît ma sagesse » ? Les autres chefs de file de l'opposition ne se sont pas fait prier pour lire les résultats de ce vote comme un clair désaveu de la politique du gouvernement de Silvio Berlusconi. Même les alliés de l'homme le plus riche d'Italie ne lui ont pas épargné des critiques sur ses choix en matière de politique sociale et une campagne sous le mot d'ordre « L'union des diversités ». Le bras droit de Berlusconi, le ministre des Affaires étrangères, Gianfranco Fini, leader de l'Alliance nationale, a reconnu la défaite de sa coalition sans détour. « Le gouvernement n'est pas faible. Il faut changer pour gagner », a affirmé, hier, l'allié de Berlusconi. Quant au président du conseil, M. Berlusconi, il a préféré s'abstenir de commenter les résultats du vote. « Il ne faut pas se mettre la tête sous le sable, mais faire preuve de réalisme, de sérieux et d'humilité. On peut vaincre, d'ici à un an, non en disant qu'il y a un danger communiste ou fasciste », fait-il remarquer. Grisés par une victoire aussi inespérée, les leaders des partis de gauche évoquent déjà la perspective d'élections législatives anticipées, ce qui signifierait que le gouvernement de Silvio Berlusconi pourrait être contraint à ne pas finir son mandat.