La machine électorale semble avoir été mise en branle en vue de la préparation du rendez-vous du 1er novembre prochain. Réunions, communiqués faisant la promotion de la nouvelle Constitution émanant de diverses parties, aussi bien gouvernementales qu'autres, émissions télévisuelles, tout indique que les plus hautes autorités du pays ont décidé de mettre le paquet afin de mobiliser la société pour le référendum, alors que des indices montrent qu'il y a une «défiance» ou «réticence», c'est selon, vis-à-vis de ce texte adopté jeudi et dimanche, respectivement par l'APN et le Conseil de la nation. Dimanche dernier, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer, a réuni le président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV), Mohamed Louber, le secrétaire général du ministère de la Communication, Ahmed Bouchdjira, et les premiers responsables de l'APS, de l'ANEP, de l'EPTV, de l'ENRS, de TDA, du CIP et du CNDPI, ainsi que des cadres du ministère, comme indiqué dans un communiqué relayé par l'agence officielle. Il est précisé que «le ministre a insisté sur l'importance accordée à ce rendez-vous électoral, en particulier dans sa phase d'explication et de vulgarisation» de certains articles de la nouvelle Constitution. Des axes, ajoute-t-il, qui «doivent être développés et expliqués aux citoyens à travers une large campagne médiatique à l'aide de tous les supports, notamment la vidéo, sans omettre l'exploitation de la Toile à travers les sites électroniques et les réseaux sociaux, en mettant à forte contribution les experts et universitaires dans le domaine du droit constitutionnel». Parallèlement, plusieurs institutions étatiques, telles que le CNDH (Conseil national des droits de l'homme) ou même le Conseil constitutionnel, à travers son président, se sont exprimées pour faire la promotion de ce nouveau texte. Tout comme certaines entités politiques, qui se comptent souvent parmi les soutiens historiques et habituels du pouvoir, à l'image bien évidemment des formations politiques qui détiennent la majorité au Parlement, en l'occurrence le FLN et le RND. Sentiment de défiance D'ailleurs, le fait que le projet de révision constitutionnelle soit adopté par l'ex-alliance présidentielle, du moins le plus gros d'entre les partis la constituant, a également été largement commenté par les Algériens. Ces voix concordantes suffiront-elles à mobiliser les Algériens, sachant que jusque-là, il n'y a pas eu débat autour de ce projet au sein de la société (la mouture de mars dernier n'ayant pas été rendue publique officiellement) ? Il est clair aujourd'hui que les autorités, comptant notamment sur les chaînes de télévision, veulent remédier à cette «lacune» en initiant, à un mois et demi du rendez-vous, un «débat», auquel ne prendront certainement pas part beaucoup, puisqu'il est peu probable que ceux qui rejettent carrément le texte et la démarche suivie pour son élaboration puissent être invités à y participer. La mission s'avère, ainsi, difficile dans la mesure où, aujourd'hui, il n'y a pas que les hirakistes qui rejettent la nouvelle Loi fondamentale, avec surtout des appels au boycott, mais aussi certains parmi ceux ayant pris part, le 12 décembre dernier, à l'élection présidentielle, notamment ceux qui se réclament de la «badissia novembria», pour des motifs différents, faut-il le préciser. Ces derniers, qui rejettent principalement les dispositions relatives au statut de la langue amazighe, appellent généralement à voter «non». Quelle pourrait donc être la proportion du boycott et du non face à ceux qui soutiendront le texte ? Personne ne peut l'affirmer, mais il est clair qu'il y a, a priori, un fort sentiment de défiance. C'est dans ce contexte, marqué également par la prononciation de peines d'emprisonnement à l'encontre de militants, activistes et journalistes, que les autorités en place comptent mobiliser les Algériens pour ce référendum du 1er novembre autour de la Constitution.