La wilaya de Boumerdès a vu se succéder à sa tête six walis depuis 2010. Un record ! Si la méthode de travail diffère de l'un à l'autre, leur bilan est presque le même. Décevant à bien des égards. Aucun parmi ces hauts commis de l'Etat n'a laissé un bilan notable aux yeux de la population locale. Malgré ses atouts, la région connait des retards dans tous les domaines. Les autorités locales y ont recensé récemment 322 zones d'ombre, soit une moyenne de 10 zones par commune, ce qui est énorme pour une wilaya côtière distante de 50 km de la capitale. Des milliers d'habitants bataillent encore pour faire valoir leurs droits les plus basiques, tels que l'eau potable, des routes praticables, une couverture sanitaire acceptable, le gaz naturel, l'éclairage public, des aires de jeu pour enfants, etc. Quoi de plus illustratif que les protestations quotidiennes pour se rendre compte du degré de marasme qui couve au sein des populations de cette région affublée comme par excès d'optimisme «d'espace d'avenir». La semaine passée, de nombreux citoyens des localités d'Afir, Thénia, Khemis El Khechna, Boudouaou et Ouled Moussa, ont exprimé leur désarroi devant les institutions officielles. Certains se sont plaints de la pénurie d'eau potable et de la détérioration de leur cadre de vie alors que d'autres ont réclamé leur relogement en dénonçant les promesses sans lendemains des autorités. En 2019, la wilaya a bénéficié de près de 17 milliards de dinars dont près de 14 milliards au titre du programme sectoriel (PSD) et 2,9 milliards dans le cadre des plans communaux de développement (PCD), précise-t-on dans le bilan de l'exécutif de wilaya examiné fin août à l'APW. Ces montants faramineux devaient permettre la réalisation de plus de 500 projets. Cependant, plus 55% des crédits alloués ne sont pas encore consommés. L'échec est cuisant. Au moins 250 projets sectoriels et 400 PCD connaissent des retards dans la réalisation. L'actuel exécutif de wilaya ne convainc pas. L'administration est plongée dans l'immobilisme. Il n'y a pas longtemps, le wali a fait état du lancement de 1172 opérations sur 3000 proposées au profit des zones d'ombre. Sur le terrain, tout est stagné. Malgré cela, aucune réunion n'a été organisée entre les véritables acteurs du développement, à savoir les investisseurs, les chefs d'entreprises, les bureaux d'études, les associations, les contrôleurs financiers, les trésoriers intercommunaux, les maires, les responsables des services techniques et des bureaux des marchés, etc. La bureaucratie a la peau dure dans toutes les administrations. Plusieurs municipalités n'ont pas encore approuvé le budget supplémentaire de l'année en cours alors que cela devait intervenir avant le 15 juin. La wilaya met parfois plus d'un mois pour établir les décisions d'inscription des projets, dira un cadre à l'APC d'Afir. Dépourvues d'encadrement, les assemblées communales fonctionnent au jour le jour. Certaines, comme Boudouaou, Corso, Boumerdès, Boudouaou El Bahri et Zemmouri, ont été éclaboussées par plusieurs affaires de malversation impliquant des élus et de chefs de service. A Boumerdès, des postes clés sont occupés depuis des lustres par des intérimaires incompétents qui servent de faire valoir pour des réseaux mafieux et de magnats de l'immobilier. Les dairas, elles, sont gagnées par l'inertie, notamment après le transfert des services de biométrie aux communes. Leur rôle consiste à contrôler le travail des élus, à distribuer des logements et à décider de la durée de retrait des permis aux mauvais conducteurs.