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Hommage au Professeur Smaïn Hini : Un adepte féru de Zyriab et de la Çanaâ algéroise
Publié dans El Watan le 19 - 09 - 2020

C'est en ce 40e jour de la brutale disparition d'une figure emblématique de la tradition culturelle algérienne que nous tenons à célébrer le souvenir du professeur Smaïn Hini, foudroyé le 30 juillet dernier, à l'âge de 74 ans, veille de l'Aïd El Adha, par cette cruelle pandémie de la Covid-19, dans le grand émoi collectif de ses nombreux amis, de ses élèves et de la famille nationale du patrimoine lyrique, poétique et musical.
Ceci dans un contexte contraignant de crise sanitaire et de prévention où les familles, qui ont perdu des êtres très chers, n'ont pu dans le déchirement faire leur deuil en l'absence de proches et amis eux aussi terriblement affligés par la privation de partager l'épreuve de la douleur par leur présence effective à leurs côtés dans le rite des valeurs d'humanisme coutumier de la tradition ancestrale de la société algérienne. Une compensation morale et consolatrice qu'est cette revanche de renouer avec celles-ci en la triste circonstance de ce 40e jour, marquant de son décès à dessein de pérenniser par la pensée et le recueillement la mémoire de l'inoubliable disparu Smaïn Hini, ravi trop tôt à l'affection des siens.
«L'art est long, la vie est courte» Hippocrate
Evoquer Smaïn, un ami d'adolescence et de jeunesse du septuagénaire que je suis, c'est aussi impulser un déclic dans le cycle mémoriel de la temporalité pour revisiter les multiples étapes de son prodigieux parcours dans l'univers de la musique andalouse. Lui qui a vu le jour, le 17 avril 1946 à La Casbah d'Alger, adopté par le quartier de tradition populaire et culturelle de l'ex-rampe Vallée Louni Arezki actuellement, au numéro 19, ami et voisin d'immeuble et de palier de la légende de la chanson populaire Amar Ezzahi, pendant plus d'un demi-siècle où il résidera dès l'indépendance en 1962 à l'âge de 16 ans jusqu'à sa mort.
La musique et la chanson : la passion de la lignée familiale de Smaïn HINI
Comme il aimait l'affirmer lui-même, selon son expression favorite : «La chanson est pour moi un héritage familial de El Djida Thamokrante, la grande diva de la chanson kabyle, qui est ma tante paternelle.» En ajoutant : «Ce lien m'a été révélé dès ma prime enfance par mes défunts parents, particulièrement ma mère lorsque je fredonnais continuellement à la maison des airs de chansons citadines algéroises de Fadéla Dziria et Meriem Fekkaï, mes premières idoles et Hadj M'rizek avec sa voix cristalline inimitable.» Un embryon d'origine parentale qui ainsi se constitua en une véritable lignée filiale de la mélodie et de la musique des Hini avec le plus jeune des frères Nacer, séduit dès l'enfance par les douces sonorités du piano qu'il finit par maîtriser à merveille pour devenir un pianiste de notoriété. Ce qui fût complété en cela par l'éclosion de Hasna, fille et élève de Smaïn, une révélation de virtuosité de la nouba andalouse modulée par sa voix suave au timbre harmonieusement raffiné suivie selon la tradition familiale dans le sillage musical par ses trois sœurs, excellentes solistes de talent.
Au Conservatoire d'Alger en 1960 avec les monuments de la musique classique algérienne
C'est dans cet élan mélodieux que le jeune Smaïn Hini, âgé de 14 ans, s'inscrit au Conservatoire d'Alger en 1960 et a eu le privilège rêvé d'être un élève dans les classes dirigées par les monuments de la musique andalouse, notamment les professeurs Mahiedinne Bachtarzi, Abderazak Fekhardji, Abdelkrim Dali, Mohamed Khaznadji et Boudjemâa Ferguène. Instrumentiste doué, il excella d'abord au piano, au luth (âoud) pour découvrir un lien d'attirance musicale particulier avec le qanoun (cithare) où il suivit un apprentissage dans la classe de la sommité de référence en la matière, le maître des maîtres, Cheikh Boudjemaâ Fergene, le magicien du qanoun .
Pour la musique sur les planches du théâtre avec KATEB Yacine
A l'issue de l'achèvement de formation de cette étape, le jeune Smaïn Hini, en brillant cithariste compositeur, diplômé s'accorda un intermède culturel en rejoignant, en 1971, la célèbre troupe de théâtre du monumental Kateb Yacine, où il composera et exécutera avec brio des adaptations musicales aux différentes pièces de comédie à l'instar de celles Mohamed prend ta valise – La guerre de deux milles ans – L'homme aux sandales de caoutchouc – Palestine trahie qui connurent un remarquable succès tant en Algérie que dans plusieurs capitales européennes. Une halte de plénitude qui lui permit de découvrir avec bonheur un théâtre engagé de renouveau créé par l'auteur de l'immortelle et planétaire Nedjma, qui génialement a réhabilité et valorisé sur les planches du 4e art la langue populaire algérienne, au grand ravissement d'un public avide et comblé de la réappropriation culturelle d'authenticité avec ses profondes aspirations patrimoniales d'algérianité.
A ce propos, il est impératif de rappeler que cette initiative qui relevait à l'époque d'une véritable gageure s'est concrétisée grâce à la fondation de l'Action culturelle des travailleurs, la fameuse (ACT), une association pionnière d'expression populaire théâtrale dont Smaïn Hini était membre aux côtés des Kateb Yacine, Ahmed Asselah, Ali Zammoun, M'hamed Issiakhem et d'autres avec l'assentiment subtilement motivé de Mohamed-Saïd Mazouzi, ministre du Travail de l'époque et militant de la première heure du Mouvement national et moudjahid, incarcéré de 1945 à l'indépendance en 1962 par le colonialisme français, surnommé à ce titre le «Mandela algérien» pour la vraisemblance commune de l'interminable période d'emprisonnement avec l'historique leader et président sud-africain, Nelson Mandela.
Après cet épisode d'une expérience marquante et immensément instructive par la dialectique de conscientisation et d'éveil de l'univers théâtral katébien, le professeur Smaïn Hini reprend avec empressement la trajectoire de sa vocation innée qu'est la musique andalouse à la faveur de la création, en 1981, de l'association El Fekhardjia, éponyme d'une symbolique de reconnaissance et de pérennité à l'endroit des frères icônes emblématiques, Mohamed et Abderrazak Fekhardji, où il fut membre fondateur avec Nefil Abdelwahab, Mazouni Bachir et MezianiI Hakim. Successivement à cette phase, il s'impliquera activement pour la création de l'association Essandoussia en 1986 dont il devint l'un des membres fondateurs avec Saoudi Nour-Eddine, Ahmed Sefta, Hamma Nadji, Fatima Benosmane et Djamila Belaiboud.
El Inchirah : Une école de renom et un vivier d'interprètes de talent
L'apogée de sa laborieuse traversée fut la fondation de la prestigieuse Association El Inchirah, en 1997, une école de renom de la çanaâ algéroise où en formateur et chef d'orchestre il s'investira de longues années durant en pédagogue accompli de ce patrimoine ancestral.
Ce fut l'œuvre majeure du regretté Smaïn Hini, qui avec sa méthodologie d'enseignement éprouvée et adaptée à un cursus pédagogique de rigueur complété par son abnégation et sa persévérance a réussi brillamment la formation générationnelle d'une jeunesse dont la qualité intrinsèque d'authenticité et de raffinement s'est avérée une des références d'anthologie de la musique andalouse. Le palmarès éloquent de l'inchirah est à ce titre un exemple cité pour les félicitations, prix honorifiques et distinctions décernés aux différents festivals à cette Association qui a aussi été le vivier d'une nouvelle génération d'interprètes de grande réputation, à l'image de Beihdja Rahal, Zakia Kara Terki, Lamia Madini, Lamia Aït Amara, Hasna Hini, la fille du regretté Smaïn et d'autres.
HINI Smaïn et l'Association des Amis de la rampe LOUNI Arezki Casbah : Une symbiose de vocation pour la pérennité et la valorisation du patrimoine culturel algérien Smaïn Hini a également été dès la création de l'Association des Amis de la rampe Louni Arezki, ex-Vallée, un de ses proches et soutien actif à travers sa participation effective et constante aux actions culturelles menées à dessein de la réappropriation, la préservation et l'épanouissement de notre patrimoine matériel et immatériel d'ancestralité pour lequel il s'impliquait avec motivation et dévouement, qualités primordiales qui étaient les siennes.
De ces actions culturelles, très nombreuses au demeurant, nous ne citerons que certaines dont les thématiques majeures développées ont eu un impact révélateur et encourageant, qui a suscité un centre d'intérêt auprès des participants et d'auditoires potentiellement attachés à la sauvegarde et au rayonnement culturel d'un legs patrimonial précieux en direction de la jeunesse et des générations montantes. Pour l'évocation de celles-ci, nous rappellerons les hommages mémorables consacrés à l'endroit du célèbre chanteur chaâbi, Omar Mekraza, le 13 février 2003 à la salle Ibn Zeydoun, à l'éminent penseur – aâlem érudit Cheikh Abderahmane Djillali le 18 mai 2011 au Palais El Menzah à La Casbah et au talentueux comédien Mustapha Preure, le 17 juin 2016 à la salle du cinéma ex-Casino – Ethakafa de la rue Ben M'hidi
Des événements culturels complétés avec le tenue d'un Café littéraire inaugural de l'Association le 26 novembre 2010 pour la présentation d'un ouvrage autobiographique sur la vie et le parcours de cheikh Abdelkrim Dali, écrit par Abdelkader Bendameche, le musicologue et auteur prolifique de la mémoire du patrimoine poétique et musical algérien. C'est ainsi que le regretté Smaïn Hini a laissé un souvenir impérissable auprès de tous ceux qui l'on connu et apprécié pour ses valeurs humaines exceptionnelles fondées sur l'amabilité, la générosité, la persévérance et l'abnégation dans l'accomplissement ininterrompu de la noble mission de sauvegarde, de préservation et de rayonnement de la musique andalouse qui incarnaient un des sens privilégiés de son existence. Un sentiment qui en la circonstance a spontanément été exprimé dans la stupéfaction lors des deux témoignages ci-après que nous avions pu recueillir à l'annonce de son décès.
L'emblématique Mohamed KHAZNADJI et le Professeur Youcef AZAIZIA de Miliana évoquent le souvenir de Smaïn HINI
En premier lieu auprès du grand maître Mohamed Khaznadji qui était professeur au Conservatoire d'Alger où le défunt était élève en 1960. «J'ai connu Smaïn Hini comme élève au Conservatoire d'Alger. Il avait des prédispositions exceptionnelles pour la musique andalouse et qui décrochait les meilleurs prix de mérite que j'appréciais en ma qualité de membre du jury. On s'est retrouvés à la Commission du patrimoine de la musique andalouse de l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (ONDA) pour la transcription en solfège de 8 noubas. L'orchestration de la partition de cette Commission présidée par Boudjemâa Ferguene était composée de Bechaouche Mamad, Hini Smaïn, Messakdji Mahmoud, Toualbi Youcef et moi-même. Après le décès de Boudjemâa Ferguene le 2 février 2002, c'est Hini Smaïn qui lui a succédé en qualité de président inlassable et tenace dans une ambiance collective de motivation euphorique.
Smaïn Hini avait également une trame d'attachement viscéral avec la musique andalouse et œuvrait avec persévérance et motivation à la sauvegarde, à la valorisation et à la pérennisation de ce patrimoine en formateur modèle de la jeunesse avec ses qualités humaines exceptionnelles de simplicité, de modestie et de chaleureuse amitié. Atterré par sa mort subite que je viens d'apprendre, Smaïn nous manquera énormément, lui l'irremplaçable, qui dans la brutalité de la mort nous a quittés sans un adieu, ceci heureusement avec le réconfort de nous avoir laissé Hasna, sa fille et son élève, la virtuose à la voix d'or qui perpétuera son souvenir.»
Fin de citation. Un témoignage poignant du grand maître de notoriété, Mohamed Khaznadji, complété ci-après par celui du professeur Youcef Azaizia, président de la prestigieuse Association de musique andalouse Ziria de la ville de Miliana et Commissaire du Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes : «Smaïn Hini est un maître incontestable très modeste et très généreux qui a contribué à la création de plusieurs associations, il nous a beaucoup aidés. En 1999, il nous a formé un musicien en cithare qanoun.
Il a joué un rôle très important dans la préservation de notre cher patrimoine andalou. Je n'oublierai jamais le jour où en qualité de membre de la Commission d'organisation de l'Office Art et Culture, il m'a sollicité pour participer aux Journées andalouses qui ont eu lieu à la salle Ibn Khaldoun sous le slogan ‘‘Nouba pour chaque sinistré'', suite au séisme de Boumerdès. Il assistait à toutes les manifestations musicales de Ziria ainsi qu'à mes prestations chaâbies, à savoir le fameux jumelage Miliana-Casbah d'Alger organisé par l'Association de la rampe Louni Arezki, présidée par Aït Aoudia Lounis qui s'est déroulé au palais El Menzeh à La Casbah en 2005 avec la présence de cheikh Abderrahmane Djilali, Abdelkader Bendamèche, Beihdja Rahal, El Hadi El Anka… et à la fin de chaque prestation il m'offrait une nouvelle nouba du fond de son cœur. A l'occasion de ‘‘Layali Miliana El Andaloussia'', deuxième édition organisée par l'Association Ziria en juillet 2019, il nous a honoré par sa présence durant trois jours avec sa chère talentueuse et modeste fille Hasna, qui avait fait une très belle prestation au public milianais. Sa mission a été très bien accomplie en assurant une bonne formation et une bonne relève. Allah yerhmou, qu'il repose en paix et que Dieu lui accorde sa miséricorde en l'accueillant en son Vaste Paradis. Il restera toujours vivant et éternel dans nos mémoires.» Fin de citation.
Pour toute œuvre et succès d'un homme, il y a toujours une femme derrière
Et maintenant, c'est à l'auteur de ces modestes lignes de clôturer ces témoignages et rappeler en la circonstance un vieil adage populaire qui dit «que pour toute œuvre ou succès d'un homme, il y a toujours une femme derrière». Une symbolique qui illustre expressément par l'exemple le cas de Smaïn Hini, qui a eu comme compagne de destinée, son épouse Mme Rachida Hini, entièrement et constamment dévouée par sa précieuse et infatigable contribution, ses conseils et son omniprésence active et avisée à toutes les nombreuses représentations et rencontres organisées pour l'épanouissement de la musique andalouse perpétuellement aux côtés de Smaïn son époux et Hasna sa fille adulée. Un devoir pour lequel elle s'est totalement investie avec enthousiasme à dessein de concourir au succès de l'œuvre du professeur Smaïn Hini et de sa mission brillamment et honorablement accomplie.
Voilà le regretté Smaïn Hini revisité à travers son enfance, sa jeunesse et sa laborieuse ascension de maître émérite de la musique andalouse. Ceci dans le cheminement d'une vie à laquelle il a donné un sens à travers l'accomplissement d'une mission de sauvegarde, de préservation, de valorisation, de pérennisation et d'universalisation d'un patrimoine civilisationnel qui est un legs ancestral structurant de la personnalité algérienne à transmettre à la jeunesse et aux générations futures. Une priorité vitale qui était la sienne pour avoir créé et assuré un relais générationnel, assidûment formé sa vie durant et dont il a avec un bonheur de béatitude pu savourer les éclatants succès qui ont couronné une œuvre de perpétuation de la musique andalouse, qui était un la source de sa passion.
Reconnaissance, affection et gratitude de Smaïn Hini à l'endroit de ses maîtres et guides de notoriété
A ce propos, le professeur Smaïn Hini ne cessait de rappeler par des évocations affectives de reconnaissance et de gratitude qu'il a eu le privilège et la chance d'avoir été à une grande école où en élève studieux, il a été formé par des monuments de la musique andalouse algérienne. Ce sont ceux-ci, à l'instar de Mahiedine Bachtarzi, Boudjemâa Ferguene, Abdelkrim Dali, Mohammed Khaznadji, Abderrezak Fekhardji, qui, par leurs enseignements, orientations et encouragements, ont constitué le socle de ses performances artistiques jalonnées de succès et de perspectives prometteuses pour le rayonnement du patrimoine de la nouba. Comme illustré sur cette photographie du souvenir, le regretté Smain Hini en artiste et esthète, pétri de musicalité, partageait également ses profondes sensations lyriques et musicales avec Amar Ezzahi, un de ses proches, comme précédemment relaté, qui se rendait chez lui dans son salon, fief de ses répétitions instrumentales et poétiques pour suivre celles-ci avec la délectation de l'inspiration.
Un lieu commun, d'affinité des deux amis voués au patrimoine musical, qui s'est développé avec l'avènement de la surdimension de la chanson populaire, une œuvre porteuse de créativité et de renouveau de Amar Ezzahi, qui a intensément séduit et imprégné le professeur Smaïn Hini.
Ceci à travers l'engouement massif de juvénilité et de féminité inédit généré par l'innovation du corpus musical «zahien», qui avec une fulgurante promptitude s'est essaimé sur l'ensemble des régions de l'Algérie profonde et au-delà de ses frontières, captivant ainsi sa nombreuse diaspora tant en Europe qu'au Canada et dans une moindre mesure d'implantation migratoire algérienne aux Etats-Unis d'Amérique.
Un exemple édifiant qui était le concept et la vision du professeur Smaïn Hini en matière de performances artistiques pour stimuler l'épanouissement d'un patrimoine musical ancestral, par la recherche et la créativité adaptées à l'évolution des rythmes et modes cycliques de la temporalité viscéralement liés aux aspirations culturelles novatrices des générations successives de la société.
Ce qui, au cours de l'année 1994, se concrétisa dans sa pratique pédagogique d'exploration de l'univers de l'octave et des sonorités mélodieuses par une démonstration commune d'arrangement musical d'une nouvelle nouba orientée dans cette perspective avec le compositeur français Michel Montarano.
Smaïn Hini compose la première Nouba magrébine
Une prouesse musicale d'un grand succès qui verra une année plus tard en 1995 l'apothéose de la composition de la première nouba maghrébine par Smaïn Hini interprétée en une heureuse et solennelle soirée andalouse rehaussée en la circonstance par la présence des ministres maghrébins de la Culture à Alger. Des succès majeurs enrichis par la production de trois albums de ressourcement Culturel, dont l'un en coffret (CD) d'anthologie de la musique andalouse dédié en hommage à M'hamed Sfindja un apôtre de la çanaâ, le second consacré à l'enregistrement d'un concert de musique d'une veillée traditionnelle du Mawlid Ennabaoui, et le troisième qui est l'album inaugural du répertoire de Hasna avec les délicieuses envolées de sa voix scintillante de pureté et de douceur mélodieuse du patrimoine musical andalou. Fatalement dans la douleur et la désolation, notre cher Smaïn Hini nous a hélas quittés au terme d'une vie pleine de dévouement de sens et de valeurs pour rejoindre un monde meilleur dans le royaume de la divinité où, serein, il reposera ainsi pour l'éternité.
Certes, par son absence il nous manquera beaucoup, mais avec son impérissable souvenir, il demeurera à jamais présent dans la pensée de tous ceux qui l'ont connu et aimé. C'est par cette sublime et lumineuse citation d'Hippocrate, le célébrissime père grec de la médecine et philosophe humaniste de mythologie «l'art est long, la vie est courte» précédemment mise en prologue introductif à cette rétrospective mémorielle que nous voulons éclairer la remémoration de notre cher Smaïn qui, dans cet esprit proverbial, s'est inlassablement investi dans l'immensité infinie de l'univers de l'art en passeur-formateur générationnel du patrimoine de la musique andalouse.
Cela, hélas, dans une vie certes trop courte, mais à laquelle il a donné le sens des valeurs par le devoir accompli en direction de la jeunesse et des successives descendances, futures dépositaires pour la préservation et la pérennité d'un legs d'ancestralité, fondamentalement précieux. Que la terre lui soit légère et puisse Allah le Tout Puissant l'accueillir dans la clémente miséricorde de son Vaste Paradis.
En cette célébration du 40e jour de sa disparition et dans le recueillement d'une profonde et pieuse pensée collective à sa mémoire, l'ensemble des membres de l'association les amis de la Rampe Louni Arezki Casbah et de ses nombreux sympathisants, où il jouissait d'une grande estime et considération, douloureusement affligés par sa perte brutale, tiennent à réitérer à toute la famille et particulièrement à son épouse Rachida, ses filles Hosna, Kahina, Narimane, Yasmine et Nacer pianiste de référence et frère du défunt leurs condoléances attristées appuyées de leur soutien et sympathie d'amitié. «A Dieu nous appartenons, à Lui nous retournons.»
Par Lounis Ait Aoudia
Président de l'association des amis de la Rampe Louni Arezki Casbah


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