Forces arméniennes séparatistes du Nagorny Karabakh et armée azerbaïdjanaise se sont accusées hier de bombardements nocturnes de zones civiles, faisant des victimes, témoignant d'une trêve humanitaire qui peine à s'installer, rapportent des médias. Le président de la République autoproclamée, Araïk Haroutiounian, a jugé que la situation était «plus calme» que la veille, notant l'absence de bombardements dans la matinée d'hier, mais faisant état de «quelques échanges de tirs et de mortiers sur la ligne de front». Il a jugé néanmoins incertain le respect de la trêve qui prévoit, par ailleurs, des échanges de corps et de prisonniers entre belligérants. «Nous ne savons pas comment va se dérouler la journée», a-t-il relevé, alors que sa capitale, Stepanakert, a été la cible d'au moins trois vagues de bombardements dans la nuit. De son côté, l'Azerbaïdjan a annoncé que 9 civils ont été tués par des frappes nocturnes sur la deuxième ville du pays, Gandja, à une soixantaine de kilomètres du front, et visée à plusieurs reprises depuis une semaine. Hikmet Hajiyev, conseiller du président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a dénoncé «un acte de génocide», et prévenu que «si ça continu(ait), nous serons obligés de prendre des mesures de réciprocité». Le ministère de la Défense des séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh a démenti avoir bombardé Gandja. Samedi déjà, les belligérants s'accusaient de violer le cessez-le-feu. La trêve humanitaire a été négociée par les ministres arménien et azerbaïdjanais des Affaires étrangères, sous l'égide de la Russie. Le Nagorny Karabakh, territoire majoritairement peuplé d'Arméniens, a fait sécession de l'Azerbaïdjan après une guerre qui a fait 30 000 morts dans les années 1990. Bakou accuse depuis Erevan d'occuper son territoire, et les affrontements y sont réguliers. Les combats qui opposent depuis le 27 septembre les troupes séparatistes, soutenues par l'Arménie, et l'Azerbaïdjan, sont les plus graves depuis le cessez-le-feu de 1994. La trêve négociée à Moscou l'a été après de multiples appels de la communauté internationale, notamment du médiateur historique du conflit, le Groupe de Minsk, co-présidé par la Russie, la France et les Etats-Unis. L'Azerbaïdjan a prévenu que ses opérations militaires ne cesseront définitivement qu'en cas de retrait arménien du Nagorny Karabakh. La crainte est de voir ce conflit s'internationaliser dans une région où la Russie, la Turquie, l'Iran et l'Occident ont des intérêts. D'autant qu'Ankara encourage Bakou à l'offensive et que Moscou est lié par un traité militaire à Erevan. La Turquie est en outre accusée d'avoir envoyé des combattants pro-turcs de Syrie se battre aux côtés des Azerbaïdjanais, ce que Bakou dément. Le président azerbaïdjanais a jugé, dans un entretien publié hier en Russie, qu'Ankara «doit jouer un rôle accru dans la région et dans la résolution du conflit». Advertisements