Dans la wilaya de Tizi Ouzou, les quelques entreprises publiques existantes résistent tant bien que mal. Les trois grands complexes réalisés durant les années 1970 - ENIEM, Electro-Industries et ex-COTITEX - se retrouvent dans des situations différentes avec principalement des dettes énormes qui les étranglent. Si ces entreprises disparaissent, ce seront quelque 10 000 travailleurs qui se retrouveront au chômage. Face à un marché de plus en plus libéral et à une concurrence déloyale, certaines de ces entreprises arrivent à tenir le coup grâce, surtout, à la pugnacité des hommes. Endettement Parmi elles, l'Entreprise des industries de l'électroménager, ENIEM, qui, après des années difficiles, renaît aujourd'hui avec une production qui évolue d'année en année. Durant les années 1990, ENIEM fermait fréquemment ses portes faute de matières premières. En 2000, un attentat terroriste détruisait une partie du bloc administratif du complexe de Oued Aïssi. Pour nombre d'observateurs, c'était le début de la fin d'un géant qui nourrissait des milliers de familles et qui faisait vivre toute une région. L'activité de l'entreprise était au plus bas durant l'année 2000 : sans moyens financiers pour s'approvisionner en matières premières. A plusieurs reprises, les travailleurs ont été mis au chômage technique. Entre-temps, le marché national était inondé de réfrigérateurs, cuisinières et climatiseurs importés ou de montage local. Alors que ENIEM végétait, l'Etat accordait des facilités à des opérateurs économiques privés pour faire dans le montage ou l'importation sauvage de produits qui souvent ne répondent à aucune norme de sécurité. M. Yadaden Dahmane, PDG de l'entreprise, installé en 2001, estime qu'il est urgent de mettre en place des normes de qualité, comme c'est le cas en Europe, pour tous les produits importés ou fabriqués en Algérie. « Nous sommes en train de nous battre pour cela, que ce soit pour les produits électroménagers ou les lampes que ENIEM fabrique à Mohammadia (Mascara). » Déstructurée et endettée, l'entreprise allait redémarrer grâce à une volonté de l'Etat de la sauver mais, aussi et surtout, à la mobilisation de son personnel. Reprise Les pouvoirs publics gèlent alors la dette de l'entreprise et une nouvelle équipe dirigeante est installée en 2001. ENIEM est relancée. De 2001 à 2004, le chiffre d'affaires passe de 2,6 milliards de dinars à 5,4 milliards de dinars. ENIEM, ce n'est pas simplement l'électroménager produit à Oued Aïssi. Il y a une unité de fabrication de produits sanitaires à Miliana (Aïn Defla) et l'entreprise FILAMP, filiale d'ENIEM, à Mohammadia, wilaya de Mascara. Cette dernière, qui a vécu des années difficiles, commence à reprendre sa production. FILAMP a été victime de l'anarchie qui caractérise le marché national inondé de produits de très mauvaise qualité, à l'image de ces lampes vendues un peu partout et qui parfois ne s'allument que quelques minutes, alors que leur durée de vie normale est de 1000 heures. L'année 2005 commence sous de bons auspices avec une reprise appréciable due principalement à un changement des habitudes du consommateur algérien. L'entreprise commence à reprendre des parts de marché et à écouler ses stocks.