L'attitude de certains hauts responsables pleins de morgue et de mépris envers les citoyens est une image épouvantable, qui trahit le fossé qui sépare les premiers des seconds, en mettant en exergue la difficulté pour quelques commis de l'Etat de respecter leur statut en mettant à mal le rapport entre gouvernants et gouvernés. Pourquoi ces hauts fonctionnaires, pleins de suffisance et d'arrogance, agissent-ils ainsi, outrepassant leurs missions et les règles élémentaires de bienséance et de politesse ? Pensent-ils, en se comportant de la sorte, qu'ils s'imposeront en se nourrissant de postures autoritaires et émotionnelles, de paternalisme, relayées par les médias, on avalerait la même nourriture, qui relève beaucoup plus de la propagande, de l'exhibitionnisme, que d'autre chose, même si chacun la digère à sa manière. On sait comment sont reçus les messages et commentaires par des esprits mal structurés et manquant de repères. Soumis à cet imposant pouvoir de suggestion, le citoyen est invité à prendre acte, y compris ce qui pénètre son inconscient. Dans les tristes épisodes du ministre de la Jeunesse et des Sports et du wali d'Oran, on a déduit que tous les deux semblent penser à notre place, avec autorité et fermeté, avec un discours infantilisant, comme il est de rigueur dans les dictatures les plus fermées. Le peuple a montré sa maturité et sait distinguer entre le bien et le mal, entre des intérêts étriqués et les intérêts nobles et grandioses de la nation. Ces messieurs ont sous-estimé la capacité des citoyens de penser par eux-mêmes. Ils ont préparé leur propre mise à mort, au moins dans la conscience collective, qui ne retiendra d'eux que ces dangereux dérapages, qui sont, en fait, des supplices moraux infligés au peuple qu'ils ont déconsidéré. Etait-ce leur mission de commettre ces dangereux impairs, alors que leur rôle est de gouverner ? En agissant ainsi, ils ont créé une fissure impactant la solidarité gouvernementale et terni leur statut, faisant passer leur message, en noircissant leurs interlocuteurs, les désignant pratiquement de boucs émissaires. Ces attitudes ne sont pas sans rappeler d'autres écarts, commis par d'autres ministres, qui croupissent actuellement en prison. Ce qui est curieux, c'est que ces séquences surviennent au moment où l'autorité publique en appelle à la lutte contre la haine, contre les divisions et pense en avoir soigné les symptômes, c'est à ce moment que surgissent ces affronts, plus graves et plus insidieux, qui auront l'effet contraire à celui escompté. Dans tous les cas, cet excès de zèle, de l'information partiale, n'a pas de chance de réussir de convaincre, puisqu'il s'éloigne des règles de convenance et de vivre-ensemble. Ne dit-on pas que l'information ne progresse que lorsqu'elle n'est pas seulement unilatérale. Et quelqu'un qui incarne l'Etat est là pour résoudre les problèmes et non pas être lui-même le problème. Même les journalistes, qui se montrent parfois irrévérencieux, n'ont jamais franchi ce pas. Diocletien, empereur romain, avait fait un rêve. Que le peuple eût une seule tête, pour qu'on pût la lui couper d'un coup. Avec les techniques modernes, un seul crâne qu'on puisse bourrer d'un coup ! Advertisements