Le passage de Jean-Paul II dans le règne ecclésiastique n'aura pas laissé de marbre les chrétiens. Hier, sur les hauteurs de Bologhine, à Notre-Dame d'Afrique, une dernière procession, un dernier hommage a été rendu au pape Jean- Paul II. La cérémonie officielle dirigée par Mgr Tessier et l'ambassadeur du Vatican, Thomas Yeh, s'est voulue sobre et émouvante à la fois. Digne du pontife qui a dirigé l'Eglise durant presque 26 ans. La classe diplomatique étrangère et des personnalités algériennes, tels Mustapha Chérif, ancien ministre de l'Enseignement supérieur, et Abdelhak Brerhi du CCDR, occupaient les places réservées au sein de la basilique. Et des anonymes. Indiens, Français, Slaves ou Allemands sont venus prier à la mémoire du pape. Des clandestins africains n'ont pas cherché à se dissimuler ou à se cacher. « Je suis venu rendre hommage au pape et je ne pense pas qu'on osera nous arrêter dans une église », avance l'un d'eux. Quadrillée par des policiers en tenue, la basilique de Notre-Dame d'Afrique a fait chanter les chrétiens d'Afrique, mais également du monde entier. Sous un ciel gris, une mer grisâtre, les chants et l'oraison funèbres se mariaient à la douleur partagée de la communauté chrétienne. Les hommes en costume sombre et les femmes élégamment vêtues ont procédé, face à la photo géante du pape, à un dernier salut. La basilique dans un manteau ocre qui n'a son pareil que dans les contrées reculées du pays, lorsque la terre a souffert des rayons acharnés du soleil, s'est fait l'offrande d'un pape qui s'est ouvert aux autres religions, à des spiritualités différentes. Et si de l'extérieur, Notre-Dame d'Afrique rivalise avec une lumière chaude, l'intérieur est frais, ses murs sont caressés par un marbre et des fresques commémoratives. Scènes de vie de Jésus-Christ encadrant la voûte de l'église, accompagnées de « Merci à Marie » ou « Reconnaissance à Notre-Dame d'Afrique » sur des carrés de marbre ornant la basilique. Notre-Dame est accueillante, colorée, tout en conservant, malgré son âge, une stature distinguée. Elle a ouvert ses portes aux chrétiens, réunis pour une messe au nom du pape, et aux musulmans, qui par compassion ont voulu faire montre de leur respect. « Notre Dame-d'Afrique pour nous et pour les musulmans » inscrit en grandes lettres à l'intérieur de la basilique invite au partage et à la commémoration. Une vingtaine de nationalités étaient réunies dans des prières chantées en latin, en français, mais également en arabe. Pour le pape Jean-Paul II, qui a, lors de son pontificat, voyagé dans quelque 110 pays, et dont le parcours s'est voulu rassembleur, la cérémonie était à son image. La basilique qui mélange les communautés, unit par une même foi, marie élégamment flanelle, dentelle, mosaïque, faïences et bateaux de bois sur des étagères. Oraisons en plusieurs langues. Fidèles asiatiques, africains ou européens. L'encens qui s'échappe de son socle pour « exprimer le respect dû à toute existence humaine », commente Mgr Tessier. L'ambassadeur du Vatican Mgr Thomas Yeh, remercie les autorités algériennes. La cérémonie se clôture par des salutations à son voisin avec pour tout souvenir un message de Mgr Tessier lors de son discours : « Il appartient aux hommes de bonne volonté de continuer son œuvre » (celle du pape Jean-Paul II).