L'Etat algérien s'efface et s'érode de jour en jour », estime Karim Tabou, secrétaire national du FFS, chargé de l'information et de la communication. « Les institutions, censées incarner l'Etat, sont envahies par des clientèles maffieuses dont la seule préoccupation est le pillage à l'infini du patrimoine national », a-t-il souligné dans son intervention, jeudi dernier, lors de la conférence nationale des élus du parti, tenue dans la capitale du M'zab. Faisant un état des lieux qui coïncide avec le passage d'une année du second mandat du président Bouteflika, le porte-parole du plus vieux parti d'opposition dénonce l'atteinte aux libertés, le maintien de l'état d'urgence, les attaques récurrentes contre les forces politiques et sociales autonomes et l'asservissement politique et social qui s'est installé dans le pays. Selon lui, le Pouvoir en place « continue à cultiver l'archaïsme, la démagogie et la domination politique ». Sur la révocation des élus de Kabylie, M. Tabou trouve que la principale raison qui motive le Pouvoir à dissoudre les municipalités de Kabylie, dont le FFS est majoritaire, est celle d'« ouvrir les barrières à la mise en place de la stratégie de la dislocation sociale et politique ». Le but recherché est de « détruire le dernier bastion de toutes les formes de pluralisme arrachées de haute lutte ». Les élus du FFS ont, à l'occasion, dénoncé « la stratégie du maintien des collectivités dans l'état de dépendance totale du pouvoir central, tant sur le plan des textes régissant leur fonctionnement que sur le plan du financement des projets de développement ». Selon eux, une telle stratégie est l'interprétation d' « une volonté de pérenniser la domination des assemblées locales par les réseaux maffieux agissant au sein des appareils de l'Etat ». Réunis en force à Ghardaïa, ces élus, dont le nombre a dépassé les 800, ont prévenu quant aux « conséquences qui peuvent découler de la persistance de la provocation et du recours au coup de force ». Aussi, ils ont appelé les militants du parti à « se mobiliser pour faire échec à la stratégie du mépris du suffrage universel ». En tenant la conférence nationale de ses élus au pays du M'zab, le FFS a voulu inscrire son action de solidarité avec la population de cette région dans la durée. C'est également une manière de reconnaître les sacrifices de ses militants dans la région, notamment le docteur Kamel Eddine Fekhar, le secrétaire national du parti chargé du mouvement associatif, qui vient de sortir de la prison de Ghardaïa après avoir purgé une peine de cinq mois de prison ferme pour « attroupement illicite et obstruction de la voie publique ». Le parti d'Aït Ahmed s'est incliné devant la mémoire de Ali Mécili, assassiné le 7 avril 1987 dans la capitale française. Il était le fondateur de Libre Algérie, un mensuel de libre opinion créé vers la fin du système du parti unique, en 1986.