Le mouvement de protestation des avocats contre la mise en détention d'un avocat du barreau de Blida, s'élargie et ne se limite pas uniquement à la journée de grève prévue demain au niveau nationale. De nombreux barreaux se sont joints hier à celui de Blida, pour boycotter les activités de plusieurs juridictions durant toute cette semaine. La contestation des robes noires contre l'incarcération, mercredi dernier, de leur confrère du barreau de Blida ne s'arrête plus à la grève de demain 23 février décidée par l'Unba (Union nationale des barreaux d'Algérie). De nombreux barreaux se sont solidarisés avec leurs confrères de Blida, en annonçant un arrêt de travail de protestation (de puis hier) jusqu'à la fin de la semaine en cours. Contacté, le bâtonnier de Blida, Me Abdelaziz Mejdouba, explique que « le débrayage au niveau de sa circonscription, a commencé mercredi dernier lorsque la chambre d'accusation, qui au lieu de statuer le jour même sur la mise en liberté provisoire, comme il est d'usage, elle a mis en délibéré l'affaire sous huitaine, provoquant la colère des confrères. Il est important de savoir qu'au-delà du fait, qu'il s'agit d'une affaire privée, depuis les amendements de 2015, le code de procédure pénale, stipule que le prévenu comparait devant le juge en étant libre, d'autant qu'il possède deux adresses, l'une personnelle et l'autre professionnelle, en tant qu'avocat. Son maintien en détention est considéré par les avocats comme un acharnement. A l'issue d'une réunion extraordinaire, tenue le jour même, le barreau a décidé, en raison de cette grave dérive, de boycotter toutes les activités judiciaires qui dépendent de lui, c'est-à-dire les cours de Tipaza, de Chlef, Ain Defla, et tous les tribunaux administratifs qui leur sont rattachés, ainsi que le tribunal militaire et la Cour militaire, à l'exception des affaires liées à des délais, jusqu'à nouvel ordre ». L'avocat s'est insurgé contre les déclarations du président du SNM (Syndicat national des magistrats) Mabrouk Issaad, et rappelé la déclaration du barreau dont il est bâtonnier rendue publique hier. « Ces propos sont irresponsables et ne cadrent pas avec le statut de leur auteur. Entre avocats et magistrats il y a une relation profonde en partenariat, forte dans sa construction qui incarne l'âme du corps (...) le président du syndicat aurait du recourir à des propos qui respectent les usages de l'appareil judiciaire avec toutes sa composante. La solidarité des avocats pour la défense de leurs droits et leur sacrifice pour faire entendre le cri de la liberté, fait partie des traditions et des principes consacrés à travers le temps chez toutes les nations qui respectent le droit de la défense. Les propos du président du syndicat des magistrats constituent un dérapage grave et inédit qui ne cadre pas avec le poste qu'il occupe et le secteur qu'il représente. Les qualificatifs utilisés pour désigner les avocats, constituent des faits punis par la loi et l'organisation se réserve le droit de prendre les mesures légales nécessaires », déclare Me Mejdouba. Pour ce qui est de la solidarité des avocats, il affirme que de nombreux barreaux se sont déclarés en grève, depuis hier, pour toute la semaine, ce au delà de la journée d'arrêt de travail, prévu demain au niveau national et à laquelle a appelé l'Unba. A ce titre, il évoque les barreaux de Bejaia de Tizi Ouzou, de Bouira, de Sétif, d'Oran, de Biskra et de Ouargla. Pour le bâtonnier de Blida, « nous savons quand est-ce que nous avons commencé, mais nous ignorons quand est-ce que ce mouvement prendra fin. Nous attendons, la décision de la chambre d'accusation prévue mercredi prochain et nous prendrons la décision que nous jugerons opportune ». En tout état de cause, le mouvement de protestation des avocats risque de faire tâche d'huile, d'autant qu'à ce jour, aucune partie ou institution n'a tenté de résoudre cette crise qui pénalise, en premier lieu, les justiciables. Advertisements