Le mot d'ordre de grève générale de deux jours lancé lundi, par l'Union nationale des ordres des avocats (Unoa), a été largement suivi, hier, à travers les juridictions des wilayas de Béjaïa, de Bouira et de Tizi Ouzou. Selon le bâtonnier de Béjaïa, Me Salem Khatri, le taux de suivi de la grève dans sa wilaya est de 100%. "L'activité de notre corporation est totalement gelée à Béjaïa. Nous ne pouvons être que solidaires avec nos confrères de la wilaya d'Alger qui réclament une justice indépendante et le respect des droits de la défense", a déclaré le premier responsable de l'Ordre régional des avocats de Béjaïa qui compte quelque 1 428 adhérents. Ainsi, les avocats affiliés au barreau de Béjaïa ont réussi à paralyser, hier, l'activité judiciaire au niveau de l'ensemble des tribunaux de la wilaya, en signe de protestation contre "les atteintes aux droits de la défense et en solidarité avec l'organisation des avocats d'Alger". À noter que cette grève de deux jours vise à dénoncer "les violations récurrentes des droits de la défense et l'instrumentalisation de la justice à des fins politiques". Pour rappel, les robes noires de Béjaïa ont organisé, dimanche dernier, un sit-in de protestation dans l'enceinte du siège de la cour de justice de la même ville en guise de solidarité avec leurs confrères du barreau d'Alger. Pour leur part, les avocats du barreau de Bouira ont répondu à l'appel de l'Unoa pour une grève de deux jours en signe de solidarité avec le bâtonnier d'Alger, Me Abdelmadjid Sellini qui a été humilié par le président de la première chambre pénale près la cour d'Alger le 24 septembre dernier. "Les avocats de Bouira ont boycotté toutes les activités judiciaires prévues pour mercredi et jeudi, et ce, en solidarité avec le bâtonnat d'Alger. En tant que défense, notre objectif à travers ce boycott est de sensibiliser les autorités sur le malaise que vivent les avocats. Il y a beaucoup de dépassements que nous avons soulevés à maintes reprises", a déclaré Me Ouafia Sidhoum, bâtonnière de Bouira qui a tenu à affirmer que la revendication de la défense c'est d'abord l'indépendance de la justice. À Tizi Ouzou, la cour et les différents tribunaux de la wilaya ont été paralysés, hier, par le mouvement de grève des avocats qui ont répondu à l'appel de l'union nationale des barreaux. Les robes noires de la wilaya ont ainsi exprimé leur entière solidarité avec le bâtonnier d'Alger, Abdelmadjid Sellini mais aussi, appelé au respect de la fonction d'avocat. "Quand notre profession court un danger, il est de notre devoir de réagir nonobstant toute autre considération", réagit, lors de ce rassemblement, le bâtonnier de Tizi Ouzou, Me Salah Brahimi, qui a dénoncé de telles pratiques car, a-t-il prévenu, "la robe noire est menacée". "Il faut que l'avocat soit une partie prenante de la justice. L'avocat est une pierre angulaire de la justice pour l'édification d'un Etat de droit. Si les magistrats sont derrière leur bureau, les avocats, eux, sont les premiers remparts des doléances des citoyens", a-t-il soutenu. Pour rappel, le conseil de l'ordre de Tizi Ouzou avait rendu publique une déclaration où il a exprimé sa solidarité et surtout son engagement aux côtés du bâtonnier d'Alger. "Si la robe d'avocat est touchée à Alger ou dans toutes les juridictions d'Algérie, elle l'est aussi chez nous à Tizi Ouzou", a-t-il mis en garde.