Le remaniement du gouvernement actuel ne devra vraisemblablement pas tarder à intervenir. Ce sera en effet une suite logique à la dernière sortie de M. Bouteflika devant les cadres de la nation, où il a eu à diriger véhémentement ses critiques contre les retards enregistrés dans la mise en œuvre de ce qu'on désigne comme la mère des réformes économiques, en l'occurrence celle du secteur bancaire. Ainsi, Abdelatif Benachenhou, le ministre des Finances, s'en trouve désavoué à la surprise générale. Le grand argentier du pays, qui était jusqu'alors présenté comme l'un des hommes proches du Président, est-il ainsi tout désigné pour ne plus faire partie de la prochaine équipe gouvernementale ? La question reste au centre de l'actualité de la dernière semaine marquée par une sortie tonitruante du Président sur l'orientation de politique économique du pays à inscrire au chapitre de son second mandat. Cette intervention énergique du Président, si elle renseigne sur son impatience de voir décoller les projets structurants et véhiculaires d'un système économique moderne, n'en explique pas clairement cependant les raisons de son étalage sur la scène publique. L'on n'attend pas d'un président qu'il se plaigne, mais de prendre des décisions. L'argument est simple. Mais au-delà, est-il judicieux de s'interroger sur les motivations d'une telle remise à l'ordre lancée par le Président une année après le commencement de son deuxième mandat ? Les développements intervenus sur la scène politique, par presse interposée, tout au long des derniers mois ont laissé montrer une divergence de vues sur la conduite de ces réformes économiques entre Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, et Abdelatif Benachenhou. Des observateurs ont repéré depuis assez longtemps une dissonance dans le discours sur le rythme et la conduite des réformes, notamment en ce qui concerne les privatisations, l'efficience du secteur industriel public, la réforme bancaire et la dépense publique. Autant de questions et certainement d'autres encore qui ont dû constituer le lit d'un futur remaniement gouvernemental dont on commence à parler et à distiller la rumeur depuis de longs mois déjà. La situation est symptomatique d'un malaise au sein du gouvernement pour imprimer cette volonté nécessaire à une conduite soutenue des réformes dont on parle tant sans en connaître les réalisations. M. Bouteflika vient-il ainsi de faire son propre bilan, un an après sa réélection ? Il est pour le moins compréhensible qu'un gouvernement, dont la cohésion de l'équipe et la cohérence dans la conception ne sont pas tout à fait au mieux, est estropié de ce qu'il lui est nécessaire pour ne pas connaître de blocage. M. Bouteflika, pour sa part, peut-il se permettre de laisser cette situation traîner en longueur sans courir le risque de ne pas atteindre les résultats qu'il s'est fixés ? Assurément non puisqu' il venait de donner le ton devant les cadres de la nation. Des arbitrages ont donc dû avoir eu lieu. Selon les pronostics, M. Ouyahia semble être l'homme chargé de mener le gros du travail : mettre à contribution fidèlement l'administration pour l'atteinte de ses objectifs.