Le Président exécute par-là même une partie de son plan pour s'assurer un second mandat. Le président de la république a procédé, hier, à un remaniement gouvernemental partiel. Dans ce changement, fait sur proposition du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, Bouteflika n'a touché qu'aux ministres du Front de libération nationale (FLN). Il a ainsi procédé, selon le communiqué de la présidence, rendu public hier, au limogeage de Zinedine Youbi, ministre de la Poste et des Technologies de l'information, de Abdelmadjid Attar, ministre des Ressources en eau, de Mohamed Allalou, ministre de la jeunesse et des sports, de Fatma-Zohra Bouchemla, ministre-déléguée auprès du chef du gouvernement, chargée de la communauté nationale à l'étranger, et de Abdelkader Sallat, ministre-délégué auprès du ministre de la Justice, chargé de la réforme pénitentiaire. Le Président a également mis fin aux fonctions d'un ministre non FLN. Il s'agit du ministre de la Justice, Mohamed Charfi, par ailleurs, ancien conseiller juridique à la présidence de la République. Le limogeage de Charfi était déjà dans l'air depuis quelque temps. Il a été, en effet, reproché à Mohamed Charfi sa non-implication dans la guerre que livre le clan présidentiel au parti de Benflis. Mais aussi sa prise de distance par rapport à la décision de suspension de certains titres de la presse privée fomentée par Saïd Bouteflika, le frère conseiller du Président. Pour preuve, le désormais ex-ministre de la Justice n'avait pas assisté à la réunion restreinte organisée par Ahmed Ouyahia, le 13 août dernier, avec les ministres du Président et les patrons des imprimeries. Ce remaniement intervient, par ailleurs, le jour de la clôture de la deuxième session du comité central (CC) de la formation de Ali Benflis où cette instance décisionnelle du FLN avait menacé d'un retrait des ministres du parti du gouvernement. Ses arguments sont que les ministres FLN étaient entravés dans l'exercice de leurs fonctions gouvernementales et que leurs dossiers étaient systématiquement exclus de l'ordre du jour des conseils des ministres et de gouvernement. Vraisemblablement donc, Bouteflika a pris de vitesse le FLN. Cette décision de remaniement intervient également après la passe d'armes entre le parti de la majorité et le parti de Ouyahia, le RND, à l'assemblée nationale. C'était à l'occasion de l'ouverture de la session d'automne du Parlement. Le fait que le président de l'Assemblée nationale, Karim Younès, a eu à dénoncer la gestion monolithique du chef de l'Etat aux affaires du pays en légiférant par ordonnance et en outrepassant le Parlement et le gouvernement avait fortement déplu aux parlementaires du RND qui, pour le moment, soutiennent le Président. Ce remaniement fait suite, également, au limogeage de Benflis de la tête du gouvernement, en mai dernier. Ce dernier est, pour rappel, intervenu après le chantage qu'a exercé sur lui le directeur de cabinet à la présidence de la République, Larbi Belkheir, pour soutenir Bouteflika dans sa quête à un second mandat. “Si tu veux rester à la tête du gouvernement, tu dois déclarer ton soutien et celui du FLN à Bouteflika”, a conseillé Larbi Belkheir à Benflis. C'est le refus du chantage qui a valu à Benflis ce limogeage. C'est aussi cette même logique qui a joué en faveur de la mise à la fin de fonction des ministres du FLN. Des sources crédibles affirment que Bouteflika avait reçu certains ministres et leur avait demandé de le soutenir. Ces derniers avaient opposé un refus net à cette demande. Ce remaniement, qui intervient à cinq mois de la présidentielle de 2004, a été visiblement impulsé dans l'objectif de préparer cette échéance. D'ailleurs, les ministres qui remplacent ceux limogés en disent long sur l'objectif de ce remaniement : Tayeb Belaïz, en tant que ministre de la Justice, Amar Tou comme ministre des Postes et des Technologies de l'information et de la communication, Djamel Ould Abbès pour l'Emploi et de la solidarité nationale, Mohamed Douihasni au ministère des Ressources en eaux, Boudjemaâ Haïchour, ministre de la Jeunesse et des sports, Sakina Messadi, en tant que ministre-déléguée auprès du Chef du gouvernement, chargée de la communauté nationale à l'étranger. Tous ces nouveaux ministres sont, en effet, des proches ou des soutiens du Président. N. M. Le communiqué de la présidence de la république La présidence de la République a rendu public, hier, le communique suivant : “Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a pris, hier, 5 septembre 2003, sur proposition de M. Ahmed Ouyahia, Chef du gouvernement, un décret présidentiel portant remaniement ministériel, partiel, conformément à l'article 79 de la Constitution. Ce remaniement porte sur les fins de fonctions et les nominations suivantes : - ministre de la Justice, garde des Sceaux : Tayeb Belaïz, en remplacement de M. Mohammed Charfi ; - ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication : M. Amar Tou, en remplacement de M. Zine Eddine Youbi ; - ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale : M. Djamal Ould Abbès en remplacement de M. Tayeb Belaïz ; - ministre des Ressources en eau : M. Mohamed Douihasni en remplacement de M. Abdelmadjid Attar ; - ministre de la Jeunesse et des Sports : M. Boudjemaâ Haïchour en remplacement de M. Mohamed Allalou ; - ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargée de la communauté nationale à l'étranger : Mme Sakina Messadi en remplacement de Mme Fatma-Zohra Bouchemla. Le président de la République a, également, mis fin aux fonctions de M. Abdelkader Sallat, ministre délégué auprès du ministre de la Justice, chargé de la réforme pénitentiaire, dont les attributions sont dévolues au ministre de la Justice, garde des Sceaux.” APS