« Notre école est malade. » Phrase lancée hier par le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Alpha Omar Konaré, lors de son discours à l'ouverture des travaux de la conférence des ministres de l'Education de l'UA. Se voulant optimiste, il a estimé que cette maladie n'est pas incurable. « Et le diagnostic n'est pas récent », a-t-il dit. L'engagement de l'UNESCO d'il y a plus de deux décennies à fournir l'éducation pour tous n'a, selon lui, pas atteint ses objectifs. « Son programme Priorité pour l'Afrique a connu ses limites », a-t-il souligné ajoutant que les Objectifs du Millénaire pour le développement pour assurer, d'ici à 2015, une éducation primaire pour tous et l'autonomisation des femmes en œuvrant à l'égalité des sexes dans l'éducation ne seront pas atteints avant 2129, « si la tendance actuelle se poursuit ». La rencontre d'Alger, a indiqué M. Konaré, - qui a brossé un tableau peu reluisant de la situation dans le continent africain - est une occasion pour analyser les faiblesses du secteur de l'éducation « et c'est une opportunité pour en finir avec les slogans, de constituer un front uni pour ne plus aller ni collectivement ni encore moins un à un à l'abattoir des diktats ». L'intervenant rappellera que le nombre de scolarisés est de plus en plus élevé, malheureusement toujours plus au niveau des garçons que des filles. Cependant, M. Konaré a déplore la qualité de l'enseignement prodigué. « Nos écoles ne sont-elles pas considérées de plus en plus comme des fabriques de chômeurs ? Les remèdes n'ont pas été d'un grand secours, surtout ceux venant de l'extérieur. De grandes faiblesses sont apparues à cause de l'absence de consensus, or il faut aujourd'hui un consensus national pour définir et gérer l'école dans nos pays », dira-t-il. Il a expliqué que les bases de la nécessité de la refondation de nos systèmes scolaires n'ont pas été réalisées dans bien des pays pour revoir la structure de l'école, sa nature, le contenu des programmes scolaires, le caractère endogène de l'école, son côté pratique et professionnel et les liens entre l'éducation et la culture. En revanche, l'orateur a indiqué que rien ne se fera durablement sans un contexte politique qui puisse permettre l'éclosion d'un pouvoir local en harmonie avec le pouvoir central, en somme d'un pouvoir local plus apte à écouter et à accompagner les initiatives de base. Sans omettre, affirme M. Konaré, le contexte politique marqué par l'affirmation de l'Etat de droit, le respect des libertés, le refus des conflits et des guerres et un engagement à toute épreuve pour juguler les pandémies, notamment le sida et le paludisme. M. Konaré suggère, en outre, de donner une conscience à l'école, la fonder sur des valeurs de solidarité et de partage, de lui donner une mémoire (à défaut de programmes communs, partager des modules de programmes sur l'histoire de différents pays africains). Après la séance d'ouverture de la conférence, les ministres de l'Education se sont réunis à huis clos. La partie algérienne était représentée par MM. Benbouzid, Haraoubia et Messahel. L'après-midi, les travaux se sont déroulés dans des ateliers et les participants ont eu à examiner le rapport de la réunion des experts. Rappelons que ces derniers se sont rencontrés, les 8 et 9 avril, pour préparer la conférence ministérielle. Au cours des débats, les experts ont soulevé un bon nombre de questions tels les problèmes clés liés à la qualité de l'éducation et la pénurie des ressources humaines. Ils ont également fait des recommandations, notamment la promotion des ressources humaines, la mobilisation des ressources financières, le développement des ressources pédagogiques... Les experts ont rapporté leur préoccupation dans un document soumis hier au débat. Le but visé à travers ce travail est de faire le bilan du secteur, et ce, pour mieux préparer le sommet des chefs d'Etat devant se réunir à Khartoum, au Soudan, en janvier 2006, et qui aura pour thème « L'éducation et la culture »