Zine Cherfaoui La deuxième conférence des ministres de l'Education des pays membres de l'Union africaine (UA) s'est ouverte hier au Palais des nations (Club des Pins) à Alger et prendra fin aujourd'hui. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a présidé les travaux de cette rencontre à laquelle ont pris part de hauts responsables de l'Etat, de nombreux ministres africains, le président de la commission de l'UA, Alpha Omar Konaré, et le directeur général de l'Unesco, Koïchiro Matsuura, ainsi que des représentants d'associations algériennes activant dans le domaine de l'éducation. M. Bouteflika, qui a abordé des questions liées au secteur de l'éducation, s'est prononcé sur les problèmes ayant trait aux écoles privées en Algérie. Il n'a pas été tendre avec les responsables des établissements privés lors de la visite d'une exposition sur l'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans le système éducatif organisée en marge de la conférence. Le Président a précisé qu'il était, certes, un fervent défenseur de l'usage et de l'enseignement des langues étrangères, à partir de la première année primaire, mais cela, de son avis, ne signifie nullement négligence et disparition de l'arabe. « Je m'adresse au ministère de l'Education nationale et aux écoles privées. Il est clair que toutes les institutions privées doivent respecter la loi, sinon je le dis haut et fort : elles sont appelées à disparaître », a lancé M. Bouteflika, appelant par là le ministère de tutelle à être « très vigilant » en ce qui concerne l'enseignement des langues étrangères. Sur un ton sévère, le Président a qualifié d'aberrant et d'anormal qu'un enfant algérien de cinq ou six ans ne parle pas la langue arabe. « La langue arabe reste la langue nationale et officielle, et quiconque ne lui accorde pas une priorité absolue est appelé à disparaître, et les institutions qui ne tiennent pas compte de cet élément nous n'hésiterons pas, et sans aucun doute, à leur retirer l'agrément », a-t-il indiqué. Il a invité le département de M. Benbouzid à prendre les dispositions appropriées afin que les établissements privés se conforment aux programmes élaborés par l'Etat. Dans le cas contraire, le Président menace de revenir à la situation antérieure. « Je suis prêt à annuler toutes les réformes engagées dans ce secteur si le problème persiste, et je déclare formellement qu'il n'y aura pas de réforme au détriment de la langue arabe et de l'identité nationale. Nous avons perdu la langue arabe pendant 132 ans et avons consenti beaucoup de sacrifices pour la récupérer et aujourd'hui je n'ai nullement l'intention de faire l'objet d'un jeu », dira-t-il. M. Bouteflika a, lors de son intervention à l'ouverture de la conférence, expliqué que la réunion fait suite à celle tenue en 1999 à Harare (Zimbabwe) et se veut une occasion pour évaluer la réalisation des objectifs en matière d'éducation en Afrique fixés pour la période 1997-2006. Au cours de la conférence d'Alger, les ministres africains examineront le document-cadre pour « une éducation de qualité au service du développement durable de l'Afrique ». Il est également prévu la présentation et la discussion des résolutions de l'Unesco concernant le rôle de l'éducation et de la culture dans les efforts de développement de l'Afrique. Les résolutions de la conférence seront soumises au prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA prévu en janvier 2006 à Khartoum (Soudan). Le Président a mis l'accent sur la lutte contre la pauvreté, un facteur qui contribue à l'augmentation du taux de l'analphabétisme dans le continent africain, et la lutte contre la discrimination dans la scolarisation des enfants (garçons plus favorisés que les filles). Le président de la République a appelé les Etats africains à renforcer toutes les formes de coopération et d'échange entre eux, en vue de tirer avantage des compétences scientifiques considérables qui font leur richesse au double plan interne et externe. M. Bouteflika a, toutefois, déploré « la fuite des cerveaux que subit l'Afrique en dépit des bourses importantes allouées à nos étudiants », qualifiant cette situation de « douloureuse ». Le premier magistrat du pays a invité les participants à se pencher sur la question de savoir choisir entre « la démocratisation » de l'enseignement et « la qualité » de l'enseignement.