Covid-19 et traumatisme psychique est le titre d'un nouvel ouvrage que vient de publier le psychiatre Mahmoud Boudarène aux éditions Koukou (mars 2021). Dédié à «tous les personnels engagés dans la lutte contre cette épidémie, en particulier à ceux parmi eux qui ont perdu la vie», l'opus de 115 pages explore plusieurs facettes de ce que l'auteur définit comme une catastrophe sanitaire. Il s'agit plus entre autres questions abordées de l'impact de la pandémie et du confinement sur la vie psychique des individus, comment rendre contrôlable cette expérience afin de vivre sans effroi, mais aussi le rôle de la communication et de la pédagogie dans la prévention des troubles psychiatriques. Il est noté aussi la nécessité d'apporter un soutien psychologique aux personnels de soins le débrifing, ce qui n'est pas fait à ce jour pour prévenir le burn-out et l'état de stress post-traumatique, nous dira Dr Boudarène. Les symptômes de cette affection (burn-out) concernant les sujets engagés dans l'aide aux personnes à l'occasion de grandes catastrophes se résument, telles qu' expliquées dans le livre, à un épuisement intense, des sentiments négatifs et un discrédit par rapport au travail, et une efficacité professionnelle réduite. Pour l'auteur, le pronostic n'est pas le même et si l'état dépressif trouve une résolution à la suite du traitement, le burn-out, à l'instar de l'état de stress post-traumatique est plus que difficile. «Les retombées de cette crise sanitaire sur les personnels de soins — hormis la funeste comptabilité — n'ont pas été évaluées. On ne peut le faire sans données exactes en provenance du terrain, mais sans risque d'erreur, nous pouvons dire que la situation psychologique des médecins et des personnels paramédicaux engagés dans la lutte contre l'épidémie est catastrophique», tranche le Dr Boudarène. Le douloureux silence des soignants Comment se reconstruire ? «C'est le travail ardu des professionnels – médecins et psychologues – quand les troubles psychiques apparaîtront...» Dans le chapitre consacré à la vaccination, l'auteur relève que «dans les pays où la communication fait défaut, les populations sont livrées à la rumeur et à l'intoxication psychique par tous ces complotistes qui écument les réseaux sociaux». «Pour autant, ajoutera-t-il. la course contre la pandémie est engagée à travers toute la planète ; tout en assurant que cela n'est pas obligatoire, les pays sont en train de vacciner massivement leurs populations. La frayeur semble être dissipée.» Concernant notre pays, ce praticien de la santé estime que «le discrédit, qui pèse sur l'Etat algérien – du fait d'une mauvaise communication et de l'absence de transparence dans les décisions – va sans doute affecter la campagne de vaccination». Mahmoud Boudarène est psychiatre et docteur en sciences bio-médicales. Député de 2007 à 2012, il est l'auteur de quatre ouvrages et de nombreuses contributions dans la presse nationale sur la vie politique et sociale en Algérie. Advertisements