Premier d'une série dédiée à toutes les régions de l'Algérie, Mon Algérie à moi est plus qu'un ouvrage, c'est un voyage à travers l'histoire. Yahia Boubekeur exhume chaque lieu, chaque mont et chaque oued portant l'empreinte d'une bataille, d'une blessure, et ce, dans un rapport avec la nature très humaniste. Paru aux éditions TPA (Tout pour l'Algérie), Mon Algérie à moi est un ouvrage de 78 pages très facile et agréable à lire. Il offre aux lecteurs une manière de voyager dans notre pays à travers la beauté des mots et des paysages. En effet, Yahia Boubekeur nous fait voyager sur la route d'Alger-Biskra, entre ses paysages et son lourd passé marqué par la colonisation. Chaque oued, chaque montagne, chaque route porte encore en eux les cicatrices des batailles et de crimes oubliés. A chaque page tournée, il y a une certaine harmonie entre ses voyages, la nature et les paysages. Sans doute parce que Yahia Boubekeur voit en chaque route qu'il emprunte les témoins de l'histoire, ces lieux ravagés par l'oppression où même les palmeraies ont été touchées par la sauvagerie coloniale. Il faut savoir que l'auteur a sillonné l'Algérie d'Est en Ouest, du Nord vers le Sud dans le seul but d'obtenir tous les renseignements nécessaires sur ceux qui ont souillé notre pays. Il est allé à la quête de chaque gouttelette de sang versée, mais aussi de chaque larme qui a été versée par les femmes et les veuves éplorées de ces époques. A travers cet ouvrage, l'auteur a voulu retracer l'histoire de nos ancêtres afin de transmettre à nos enfants notre «vraie» histoire, notre «vraie» culture. Certes, il n'est pas historien, mais il a fait beaucoup de recherches tout au long de sa vie, mais surtout grâce à ses différents métiers en tant que bibliothécaire, enseignant, journaliste et actuellement cadre dans une entreprise publique. Son objectif est de démasquer les mensonges enfouis afin de dénoncer tout ce qui a été caché toutes ces années. Cela dit, il essaie de remettre en contexte tous les événements, anecdotes, ainsi que les réactions des témoins qu'il a récoltés durant ses multiples périples. Il aborde aussi l'histoire du peuple amazigh, un peuple pacifique qui a seulement voulu affirmer son identité. Par ailleurs, nous pouvons observer qu'il y a des moments forts, tels que la bataille de Palestro ou la résistance des habitants de Zaâtcha. En traversant les gorges de Palestro, par exemple, il se remémore amèrement et douloureusement qu'à cet endroit ont péri 200 Algériens par la décapitation. Si beaucoup se demandent qu'est devenue aujourd'hui Palestro, elle serait Lakhdaria, selon le commandant Si Lakhdar. Il est important de préciser que cet ouvrage a été écrit en hommage au retour et à l'inhumation des crânes de nos résistants, retournés l'année dernière au village de Zaâtcha. «Je décide de restituer pour votre jugement mon propre regard, que je reproduis par les mots que j'avais trouvés, ce jour-là, lors d'un passage occasionnel, afin de contempler cette esquisse que je mets sous vos yeux pour qu'elle traduise la magie de Mon Algérie à moi», dit l'auteur dans l'un de ses chapitres. Taché de sang Parmi toutes les rencontres qu'il a faites, l'auteur insiste tout particulièrement sur celle avec Hadj Djemaï de Doucen (commune de la wilaya d'Oued Djellal). Une rencontre qui l'a énormément touché. «Ce dernier avait trouvé une sacoche maculée de sang qui contenait un agenda appartenant à un maquisard de l'ALN tué le 28 octobre 1961, Mohamed Abdelhamid. Ce qui m'a touché le plus, c'est que cet agenda contient des informations très émotionnelles. En fait, j'ai remarqué qu'il avait cessé d'écrire le 27 octobre. C'est une coupure qui m'a beaucoup marqué», confie l'auteur. Yahia Boukekeur évoque aussi le musée de l'homme qui aujourd'hui encore compte parmi ses preuves matérielles de crime contre l'humanité, une oreille coupée au prix de la loyauté de son détenteur. De plus, cette œuvre a été préfacée par la poétesse et pédagogue Djoher Amhis-Ouksel dans laquelle elle précise : «L'auteur nous invite à porter un autre regard sur l'environnement et à aller à la découverte du pays profond». En outre, cet opus est composé d'une quinzaine de photos des plus poignantes dans lesquels nous pouvons trouver la tombe de Takfarinas (Sour El Ghozlane), la stèle en mémoire du siège de Zaâtcha, la photo de l'insoumise Lalla Zeineb El Kacimi, ainsi que des photos de chaussures ramassées après la bataille de Sidi Thameur, à M'sila le 28 mars 1959 ou encore les boîtes de sardines qui nourrissaient nos combattants. Et bien plus encore. Amina Semmar Advertisements