Cela fait presque une semaine que la distribution du lait, dans la wilaya de M'sila, connaît une certaine perturbation qui n'a pas manqué, faut-il le souligner, d'engendrer une forte appréhension chez les consommateurs. Perturbation née d'une cascade de réductions de la marge bénéficiaire, au niveau des dépositaires et détaillants, suite au réajustement de prix, opérée par la laiterie du Hodna de M'sila, en le fixant à sa sortie d'usine à 23,35 DA/l au lieu de celui de 22,50 DA, qu'elle avait pratiqué depuis plus d'une année, précisément au moment où le cours de lait en poudre sur le marché mondial était favorable. Avant le réajustement du prix du lait, les dépositaires grossistes vendaient aux détaillants à 24 DA le sachet, faisant une marge de 1,50 DA, et le détaillant le cédant à 25 DA perçoit une marge de 1 DA/l. Après le réajustement du prix sortie d'usine par la laiterie du Hodna de M'sila, à 23,35 DA, fixé par les services du ministère du Commerce, depuis février 2001, les dépositaires grossistes, voyant leur marge bénéficiaire passer de 1,50 à 0,75 DA, se sont entendus pour appliquer un nouveau prix et ne pas affecter leur marge bénéficiaire. Ce prix a été fixé à 24,50 DA que le détaillant doit payer pour acquérir un sachet de lait. Le nouveau prix sur le consommateur en le fixant à 26 DA, faisant passer sa marge bénéficiaire de 0,50 à 1,50 DA. Ainsi, le marché du lait a été perturbé. A défaut d'instruments de régulation à même de couper court à la spéculation, c'est la rareté du produit qui s'installe dans la durée avec toutes les conséquences négatives qui en découlent. Car la plupart des détaillants, voyant leur marge réduite, ont préféré arrêter de s'approvisionner en lait, et créer la pénurie. Ce phénomène, nous dira le directeur de la concurrence et des prix (DCP), a été enregistré à M'sila, à Bou Saâda et à Sidi Aïssa. Cette perturbation du marché, nous dira le DCP, a coïncidé avec l'aboutissement de l'enquête économique, entamée en décembre 2004, qui a eu pour résultat la fermeture administrative de certains dépositaires pour défaut de facturation. La perturbation en matière d'approvisionnement du marché en lait a fait que, nous a déclaré le DCP, « 8 dépositaires ont été verbalisés pour défaut de facturation et vont connaître une fermeture administrative. Une demande de radiation d'un neuvième dépositaire a été introduite pour exercice d'activité commercial sédentaire sans local ». Les dépositaires, nous dira l'un d'eux, se trouvent face à un dilemme. D'une part, ils sont tarabustés par la DCP quant à la pratique rigoureuse de la facturation, et d'autre part les détaillants refusent de décliner leur affiliation commerciale et fiscale pour l'établissement de la facture. La DCP fait valoir l'article 11 de la loi 04-02 du 23 juin 2004, stipulant l'admission du bon de livraison en remplacement de la facture pour les transactions commerciales répétitives de vente de produits auprès d'un même client. A voir de plus près cette activité de production et de distribution de lait, personne ne semble trouver son compte, le prix de revient d'un sachet de lait, vendu à 25 DA, se situe en réalité à 27 DA, et la marge bénéficiaire, aussi bien du dépositaire que du détaillant, ne semble pas couvrir les charges des uns et des autres. Ainsi, la direction de la concurrence et des prix se retrouve à faire le grand écart, entre une économie dirigée finissante et une économie libérale, qui n'a pas trouvé ses marques dans un pays qui veut être spécifique à toutes les entreprises.