a consommation de tabac fait de plus en plus d'adeptes chez la frange juvénile. Certes, aucune étude statistique n'est disponible pour permettre d'appréhender l'ampleur, de cerner les contours localement, néanmoins, il y a une évidence qui crève les yeux, tant cette toxicomanie a pris l'ampleur d'un fléau. De l'enfant pubère à l'adulte jeune, en passant par l'adolescent avec ses différentes phases, la consommation de cigarette, et accessoirement de tabac à chiquer, est devenu un must. Pour s'en convaincre, il suffit de faire un tour, par exemple, aux abords des collèges et lycées de la vallée de la Soummam. On s'en donne à cœur-joie, avec une désinvolture déconcertante. Un fonctionnaire qui a roulé sa bosse dans le secteur de l'éducation rapporte que la consommation de tabac s'est répandue de manière effarante parmi les jeunes scolarisés. Elle s'est même invitée à l'intérieur des enceintes éducatives. «Il y a une banalisation à outrance du tabac, laquelle a conduit nos enfants à fumer sans gêne aucune, parfois même avec une forme d'ostentation», a-t-il souligné. Et de révéler : «Pour avoir exercé dans plusieurs régions comme Tazmalt, El Kseur et Amizour, je peux attester que les sanitaires des lycées sont de véritables fumoirs. Des zones de non-droit. Inutile de parler de la proximité des établissements qui sont des territoires conquis depuis longtemps». A se fier à des échos recoupés de la vox populi, même la drogue n'a pas épargné les établissements éducatifs. Une information confirmée par un ex-éducateur aujourd'hui à la retraite. «La drogue à l'intérieur des écoles, c'est un secret de Polichinelle. Durant ces dernières années, il y a eu plusieurs cas de flagrants délits en rapport avec la consommation de drogue chez les élèves. Dès lors que des dealers sévissent à proximité de certains CEM et lycées, il ne faut pas s'étonner de voir cette came investir le milieu scolaire», a-t-il confié. Des indiscrétions font même état de la consommation d'alcool à l'intérieur de certains lycées de la Soummam. On susurre que les boissons y sont introduites après les avoir préalablement transvasées dans des contenants banalisés comme les bouteilles de soda. Des observateurs avertis n'hésitent pas à pointer la responsabilité de la cellule familiale dans ces comportements déviants de leurs enfants. Ils estiment que certains parents fumeurs sont loin d'être des parangons de vertu. «Quand, dans l'espace clos du foyer, on fume ouvertement et on enfume sa couvée, on suggère à cette dernière d'en faire de même et emprunter le mauvais chemin. La cigarette chez les ados, c'est d'abord la responsabilité des parents. S'ils ne l'assument pas pleinement, aucune campagne de sensibilisation, ni de répression ne peut venir à bout de ce phénomène», dispose un professionnel de la santé. Les cohortes d'ados éjectés du système scolaire courent encore plus de risques de devenir des consommateurs invétérés. Ecartelés entre addiction et contradictions avec en prime l'oisiveté et le manque de perspective, ils sombrent corps et âme dans la toxicomanie. Pratiquement, toutes les agglomérations sont logées à la même enseigne. La cigarette fait, pour ainsi dire, un véritable tabac ! Les hausses successifs des tarifs des produits tabagiques ne semblent pas avoir eu un quelconque effet dissuasif, ni modifier les habitudes de consommation. Preuve s'il en est, que les causes de cette toxicomanie sont ailleurs. «Il y a un tas de facteurs favorisants et déclenchants, à l'origine de la prise de la première cigarette. Parfois, il suffit d'un rien, ou alors, il n'y a aucune cause apparente chez l'adolescent qui goûte au toxique juste pour imiter les adultes», analyse un médecin de santé publique de Sidi Aïch. Propice à tous les écarts et à tous les excès, la période d'adolescence marque généralement le point de bascule vers une consommation invétérée. La propension à transgresser les codes et à braver l'autorité parentale, expliquent les spécialistes, amènent l'adolescent à s'adonner aux interdits. Ce pêché véniel traduit aussi le besoin d'affirmation de soi, le désir d'émancipation et d'affranchissement des pesanteurs sociales. «La plupart du temps, un événement banal, une dispute familial ou une contrariété, suffisent à déclencher chez cet être vulnérable et versatile, le désir de se réfugier dans la toxicomanie. Cette dernière est alors une forme de compensation face à une tension nerveuse, un trouble psychologique ou une carence affective», explique un autre praticien. Advertisements