Plus de 33 000 tonnes de blé tendre avarié ont été refoulées, hier, par la direction de contrôle de la qualité de Annaba. En provenance du Canada, cette cargaison est arrivée à bord du Sumatra, un navire battant pavillon portugais. Il est actuellement bloqué par les services des Douanes algériennes pour des garanties financières que le fournisseur étranger doit assumer. Le client national est l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Une enquête a été ouverte pour déterminer les responsabilités. Du côté de la direction du contrôle de la qualité de Annaba, la décision du refoulement est confirmée. «Effectivement, nous avons décidé de refouler cette cargaison de blé tendre pour un problème de qualité. Nous nous sommes basés sur le rapport de l'expert de l'OAIC qui a déterminé l'avarie de ce blé tendre canadien», nous a-t-on expliqué. Contacté, Ali Boulaaras, le chargé de la communication à la direction de l'Entreprise portuaire de Annaba, confirme et explique : «En tant qu'entreprise portuaire, nous ne sommes pas concernés par ce problème. Cependant, nous attendons que les procédures douanières s'achèvent pour la libération de notre quai qu'il occupe depuis le 26 avril dernier.» Mais pourquoi le problème de la qualité du blé importé par Algérie est récurrent ? En décembre 2020, une enquête a été déclenchée par la Gendarmerie nationale au lendemain de l'importation, à partir de la Lituanie, de plus de 30 000 tonnes de blé tendre impropre à la consommation. Le directeur général de l'OAIC a été immédiatement limogé, même s'il avait engagé, le 8 novembre 2020, soit un mois avant, une nouvelle entreprise de certification AmSpec Group. De nationalité américaine, cette dernière avait remplacé celle suisse – SGS – sous contrat de contrôle et de surveillance des importations de céréales et de légumineuses avec l'OAIC depuis 2016. En engageant la nouvelle entreprise de certification, AmSpec Group, dont la durée de la prestation est de deux années, selon les termes de ce contrat, l'OAIC voulait s'assurer de la qualité de son blé et autres légumineuses à partir du port de provenance avant leur arrivée en Algérie. En octobre 2020, Africa Intelligence a divulgué, dans son édition électronique du 13 octobre 2020, les termes de ce contrat entre l'OAIC et AmSpec Group. Il y est indiqué : «Ce marché concerne l'embarquement des marchandises pour une durée de deux ans et un coût de 0,48 dollar par tonne. Ce prix est moindre que celui facturé par SGS depuis 2018, qui s'élevait à 0,55 dollar. L'Etat algérien, fortement dépendant des importations de céréales, notamment de blé, est dans une logique de réduction des prix d'importation en raison des difficultés économiques que traverse le pays à la suite de la chute des cours du pétrole.» Le recours à AmSpec – implantée dans tous les grands ports céréaliers américains – pourrait faciliter les importations de blé en provenance des Etats-Unis et du Canada. Rappelons qu'au même port de Annaba, Kotor, un navire français battant pavillon St Vincent, décharge actuellement une cargaison de plus de 30 000 tonnes de blé tendre dont le client est l'OAIC. Advertisements