Huit marins du Lugin 2, le navire nord-coréen dont une partie a coulé et une autre percuté la côte rocheuse, ont pu être sauvés après l'intervention de moyens aériens arrivés de Palma de Majorque (Espagne). Cinq rescapés ont été repêchés hier vers 7h40 et trois autres une demi-heure après. Les huit miraculés, qui sont restés sur une partie du bateau encore émergée, ont été déposés à l'aéroport Ferhat Abbas où ils ont été pris en charge par la Protection civile qui les a transférés vers l'hôpital Mohamed Seddik Benyahia de Jijel. Six autres marins ont par ailleurs pu regagner le rivage à la nage dans la partie relevant de la wilaya de Skikda où ils ont été pris en charge dans un établissement sanitaire. Les deux appareils espagnols, un aviocar (genre d'hydravion) et un hélicoptère Puma - le Centre national des opérations de sauvetage et de secours en mer (Cnossm) étant lié par une convention avec les Espagnols - sont arrivés sur les lieux du naufrage lundi à 22h30. Après une reconnaissance aérienne, ils n'ont pu intervenir de nuit, vu les mauvaises conditions climatiques et le manque de visibilité, ce qui fait qu'ils ont dû retourner à l'aéroport Abane Ramdane de Béjaïa. Hier à 6h30, les deux appareils ont repris du service en mettant le cap sur Ras Atia. En fin de soirée d'hier, 2 corps ont été repêchés. Pour ce qui est des six membres de l'équipage restants, les informations fournies parlent de disparus, ce qui fait que les quatre morts annoncés durant la journée de lundi restent toujours disparus. On a appris par ailleurs qu'un élément de la Protection civile de Collo est porté disparu depuis lundi, alors que le corps inerte de Hamou Hank, 43 ans, plongeur de la Protection civile de Jijel, a pu être repêché hier en début d'après-midi. Outre le Libanais qui a rejoint le rivage dans la journée de lundi, douze rescapés sont roumains et un syrien. Il convient de souligner que les walis de Jijel et Skikda se sont rendus lundi sur les lieux du naufrage, alors que les opérations sont pilotées par l'un des trois centres régionaux des opérations de sauvetage et secours en mer (Crossm) dont le siège est à Jijel. Selon les informations que nous avons recueillies, dans un premier temps le navire n'avait pas lancé de SOS mais avait demandé l'assistance d'un remorqueur, refusant par là même l'envoi d'un hélicoptère qui lui a été proposé. Le danger a, semble-t-il, été sous-estimé par le commandant de bord. A 6h50, le remorqueur du port de Djen Djen, le Nil II, a dû rebrousser chemin alors que le Mazafran du port de Skikda n'a pu intervenir vu que le navire se rapprochait dangereusement de la côte rocheuse. Ce n'est qu'après avoir constaté le danger généré par la dérive du navire que ce dernier a demandé l'assistance de l'hélicoptère. Un hélicoptère Kamov a été dépêché de Boufarik qui, après une reconnaissance aérienne, n'a pu intervenir. Le Cnossm a par la suite envoyé un Hercule C130 qui a pu localiser la position du navire (37°01N, 006°15E). Mais le navire avait déjà percuté la côte rocheuse. Ce nouveau naufrage, qui intervient après l'échouement du Nestor C et de deux autres navires à l'est de Skikda, remet sur la table la dangerosité de cet espace marin. A cet effet, il est fort utile de rappeler à ce propos, que suite aux échouements précités, le ministère des Transports, dirigé alors par Abdelmalek Sellal, avait, par instruction n°4 du 23 avril 2003, déconseillé le mouillage des navires dans les rades de Jijel et Skikda durant la période hivernale. Ce nouveau drame devrait par ailleurs inciter les pouvoirs publics à penser à doter les trois Crossm (Oran, Alger et Jijel) de moyens adéquats, notamment d'hélicoptères capables d'affronter ce genre de frondes atmosphériques.