Le dispositif sécuritaire mis en place par les services de police tout le long de la partie est du port d'Alger n'a pu dissuader les curieux venus nombreux sur les lieux du naufrage. Le spectacle en vaut le coup d'œil. Les blocs de la bande côtière des Sablettes se sont transformés pour l'occasion en observatoire privilégié. Le Batna, un des trois navires naufragés et à portée de main. Un 18 000 tonnes qui tangue sous l'effet des vagues n'arrêtant pas de frapper. C'est dire que 48 heures après, la mer est toujours houleuse. Hier, les conditions étaient encore défavorables pour les recherches. Dans la matinée, le corps d'un second a été repêché après avoir été signalé par des citoyens. Coincé au niveau des blocs de pierre, le cadavre portait des séquelles de coups, attestant qu'il a été mis à rude épreuve par la tempête avant de s'échouer sur le rivage. Sur vingt marins portés disparus dans la nuit du samedi à dimanche, sept corps ont pu être repêchés, selon le directeur de la communication de la Cnan. Les recherches ne pouvaient se poursuivre durant la journée d'hier, compte tenu des mauvaises conditions météorologiques. “La mer est toujours démontée, ce qui rend très difficile toute intervention. Pour le moment, nous attendons que les conditions soient plus favorables pour pouvoir reprendre les recherches. Entre-temps, nous surveillons la côte au cas où éventuellement un corps serait signalé”, dira un agent de la Protection civile assurant une permanence sur les lieux. Concernant l'organisation des secours, beaucoup d'observateurs parlent de mauvaise coordination entre les services compétents. Des témoins n'hésitent pas à rejeter la responsabilité de la disparition des marins du Béchar sur la lenteur, voire l'inexistence des secours. Pour ces mêmes témoins, “le navire a commencé à lancer des SOS à partir de 16h, samedi, alors que les secours ne sont arrivés que vers la fin de la soirée. Les autorités espagnoles avaient à leur tour dépêché, à partir de Palma de Majorque, un hélicoptère qui n'est arrivé que dimanche à 4h. Bien évidemment, les conditions étaient très mauvaises à cause surtout des vents violents atteignant les 100 km/h. D'autres sources ajoutent que le commandant du navire Béchar se trouvait, au moment du naufrage, chez lui. Hier, à la direction de la Cnan, les familles des marins disparus étaient venues s'enquérir des dernières nouvelles. Des femmes, des hommes, des jeunes et des vieux attendaient que leur soient communiquées les informations. Les responsables de la Cnan, qui avaient constitué une cellule de crise, étaient quelque peu bousculés. Le directeur de la communication qui devait animer une conférence de presse ne savait plus où donner de la tête, tant les appels téléphoniques se faisaient pressants et nombreux. Pour lui, l'organisation des secours s'est faite en fonction des moyens mis en place. Ce que contestent certains parents de disparus. “Il ne faut pas avoir peur des mots pour dire que les services compétents manquent d'expérience dans le domaine des secours en mer. Sinon comment expliquer que l'intervention sur le Béchar ait pu demander des heures pour arriver finalement trop tard”, dira l'un d'eux. Entre colère, explications et fatalité, la question de l'organisation des secours en mer est sérieusement posée. A. F