Dans la matinée d'hier, l'opération de recherche des marins portés disparus s'est intensifiée avec l'intervention d'un hélicoptère espagnol arrivé sur les lieux de la catastrophe la veille (lundi) dans la nuit vers 23 heures. Dans une première phase, 5 survivants ont été repêchés et pris en charge dans un centre de soins d'urgence installé sur la plage de Khenak Mayoun avant d'être transférés vers l'hôpital de Collo, distant de près de 70 km. Dans une seconde phase, 8 autres survivants ont été récupérés et transférés directement vers l'hôpital de Jijel car leur état physique avait nécessité une prise en charge hospitalière d'urgence. Cela porte à 14, le nombre de rescapés si l'on considère le marin libanais répondant au nom de Karakala Mustapha qui a été le premier à être recueilli sain et sauf après avoir rejoint miraculeusement la côte du Khenak à la nage, quelques minutes après le naufrage. Ainsi, le nombre des disparus est revu à la baisse puisqu'il n'en reste plus que 7, le cadavre du huitième marin ayant été récupéré. À noter également le drame du décès d'un plongeur de la Protection civile de Jijel. Il s'agit d'un maître-nageur, âgé de 43 ans et père de famille, mobilisé dans le cadre du dispositif du Cross. Un autre officier de la Protection civile rattaché à l'unité de Collo serait dans le nombre des disparus. Enfin, un troisième élément de la Protection civile, rattaché celui-ci à l'unité de Collo, M. Lamri, s'en est sorti avec quelques blessures. Rappelons que le Lugin II, un cargo battant pavillon nord-coréen et appartenant à un armateur palestinien, a sombré au large du cap Bougarouni, connu sous le nom de “Cimetière des navires”. Le Lugin II s'est brisé en deux. L'arrière a sombré mais l'avant s'est écrasé après avoir dérivé de Ras Maghreb dans une zone rocheuse inaccessible. Cette information a été confirmée par le vice-président de l'APC de Khenak Mayoun, daïra de Ouled Attia, wilaya de Skikda. Toutefois, aucune information n'a filtré sur le sort des 2 600 tonnes de carbonate de sodium de soude. Le lancement du dispositif du Cross (Centre régional des opérations de sauvetage et de surveillance) a été des plus difficiles. Les walis de Skikda et de Jijel ainsi que les marins plongeurs ont dû faire plus de 7 kilomètres à pied en plein maquis pour rejoindre la plage de Khenak Mayoun, la lisière la plus proche du lieu d'échouage. L'accès du côté maritime était impossible en raison de la hauteur des vagues variant de 8 à 10 mètres et de la vitesse du vent approchant les 110 km/h. Les remorqueurs de l'entreprise portuaire de Skikda et ceux de Jijel, eux, n'ont pu atteindre le lieu du sinistre et sont retournés à leur base le même jour. Finalement, c'est un remorqueur américain de 10 000 CV, le Sea Puma, dépêché de Skikda à partir de 11 heures, le lundi, jour de l'accident, qui atteindra la zone, cependant, à 23 heures. Comme ses prédécesseurs, il ne sera pas d'un grand secours et dut retourner à Skikda, hier mardi, dans la matinée. À noter que le cap Bougaroun, qui est le plus au nord du littoral algérien, vient de vivre, en l'espace de trois ans, le second accident majeur après l'échouage d'un navire libyen. Selon une source judiciaire, il sera procédé à l'ouverture d'une enquête nautique dès que les conditions climatiques le permettront. Par ailleurs, dans la matinée d'hier, les walis de Skikda et de Jijel ont rendu visite aux 6 rescapés du Lugin II gardés en observation à l'hôpital de Collo. Selon des sources proches de la délégation officielle, les 6 marins, dont le commandant, sont hors de danger. À noter que les deux walis dirigent eux-mêmes et sur le terrain, depuis lundi dernier, les opérations de secours et de sauvetage. Z. R. / H. M.