Près de 400 universitaires et des centaines d'enseignants et citoyens se sont prononcés contre la loi du 23 février 2005 « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ». Les historiens Claude Liauzu, professeur émérite à l'université Denis Diderot-Paris 7, Gilbert Meynier (professeur émérite à l'université de Nancy), Gérard Noiriel (directeur d'études à l'EHESS), Frédéric Régent (professeur à l'université des Antilles et de Guyane), Trinh Van Thao, professeur à l'université d'Aix-en-Provence), Mohamed Harbi et Lucette Valensi, directrice d'études à l'EHESS, initiateurs d'une pétition intitulée « Colonisation : non à l'enseignement d'une histoire officielle », estiment que cette loi « a des implications sur l'exercice de notre métier et engage les aspects pédagogiques, scientifiques et civiques de notre discipline ». Les auteurs de la pétition demandent à ce que cette loi soit abrogée d'« urgence (...) parce qu'elle impose une histoire officielle, contraire à la neutralité scolaire et au respect de la liberté de pensée qui sont au cœur de la laïcité ; parce que, en ne retenant que le "rôle positif" de la colonisation, elle impose un mensonge officiel sur des crimes, sur des massacres allant parfois jusqu'au génocide, sur l'esclavage, sur le racisme hérité de ce passé ; parce qu'elle légalise un communautarisme nationaliste suscitant en réaction le communautarisme de groupes ainsi interdits de tout passé ». Ils considèrent que « les historiens ont une responsabilité particulière pour promouvoir des recherches et un enseignement qui confèrent à la colonisation et à l'immigration, à la pluralité qui en résulte, toute leur place, qui, par un travail en commun, par une confrontation entre les historiens des sociétés impliquées, rendent compte de la complexité de ces phénomènes, qui, enfin, s'assignent pour tâche l'explication des processus tendant vers un monde à la fois de plus en plus unifié et divisé ». Les initiateurs auxquels se sont associés la Ligue des droits de l'homme, Au nom de la mémoire, le MRAP et la Ligue de l'enseignement, devaient faire le point sur cette pétition, hier, lors d'une conférence de presse. Par ailleurs, sur ce même sujet de la loi du 23 février 2005 sur « l'œuvre positive de la France outre-mer » et son enseignement, la LDH a rendu public son propre appel, signé notamment par des organisations et des personnalités.