En arrêt de travail forcé depuis plus de trois mois, les travailleurs de la briqueterie d'El Achour ne comptent pas céder facilement leur gagne-pain. Vendue, paraît-il, avant l'an 2001 et sans l'aval des travailleurs, cette briqueterie constitue, aujourd'hui, un objet de litige entre ses 150 travailleurs et son repreneur, en l'occurrence Toufik Boudiaf. Ayant porté l'affaire devant la justice après avoir épuisé tous les moyens, les travailleurs s'apprêtent à radicaliser leur action dès le 18 avril. En fait, ils comptent, selon Yacine Zedam, procéder dans les prochains jours à l'occupation des lieux si la justice ne leur donne pas gain de cause. Leur principale revendication n'est autre que l'application de l'ordonnance n° 01-04 du 20 août 2001, donnant droit aux travailleurs de reprendre, s'ils veulent, leur entreprise. Se basant sur cette ordonnance, le syndicat des travailleurs de la briqueterie d'El Achour demande l'annulation de l'acte de cession de l'unité. Il est à rappeler que le syndicat a porté plainte contre le président de la Société de la gestion des participations (SGP) et la direction de l'unité pour gel des avoirs de la briqueterie et cession de l'unité sans l'accord du partenaire social et des travailleurs. « Nous allons attendre le procès qui va avoir lieu le 18 avril. Et si nos revendications ne sont pas prises en considération, nous allons occuper l'unité », nous a déclaré M. Zedam en marge d'une conférence débat au sujet de l'impact de la politique de privatisation sur les entreprises nationales, organisée par l'association estudiantine Nedjma à la faculté des sciences humaines de Bouzaréah. Selon notre interlocuteur, « les travailleurs de cette briqueterie ont été forcés à l'arrêt de travail après le gel des avoirs de l'unité, source de ses financements ». Pour rappel, les travailleurs ont mené déjà plusieurs actions de protestation. Le 11 avril, ils ont tenu un rassemblement devant le siège de la SGP à Alger. Mais la réponse du président de cette dernière, Saïd Bouzid, ne les a pas satisfaits semble-t-il. « La réponse du président de SGP n'est pas claire », a affirmé M. Zedam. Et d'ajouter : « Nous ne sommes pas contre les privatisations, mais pas de n'importe quelle manière. Malheureusement, nous sommes confrontés à une privatisation anarchique. » Selon un autre membre du même syndicat, la direction de l'UGTA a pris attache avec eux, hier, les exhortant à débattre la question. La briqueterie d'El Achour a été cédée, selon M. Zedam, au rabais. « Elle coûte au moins 200 milliards de centimes (assiette de terrain et matériel). Elle a été vendue à un prix dérisoire de 38 milliards de centimes », déclare-t-il. Intervenant également lors de cette conférence, Abbas Garmache, le secrétaire général du syndicat du port d'Alger, et son collègue Youcef Bendebka ont réitéré le refus des travailleurs du port de toute forme de privatisation. Pour eux, le port d'Alger, d'où proviennent 80% des importations, ne doit pas être privatisé. « Nous sommes dans une situation critique. Nous rejetons la privatisation anarchique », a lancé M. Bendebka.