Mais qu'est-ce qui fait courir le palais royal marocain au point de se prendre pour le crapaud qui se veut aussi gros que le bœuf ? En deux mois, le Maroc s'est placé à trois reprises sous les feux de la rampe et de façon pas du tout glorieuse. Il y a de cela deux mois, le palais royal a manipulé de malheureux chômeurs marocains et les a envoyés envahir Ceuta et Mellila. Non seulement il a mis en colère les Espagnols, mais il s'est mis à dos toute l'Union européenne qui s'est totalement solidarisée avec Madrid et qui en plus a considéré l'invasion comme une agression contre toute l'Europe. Récemment encore, l'ambassadeur du Maroc aux Nations unies, à New York, a distribué un tract officiel dans lequel il annonce que son pays a décidé de soutenir «l'autodétermination de la Kabylie». Une provocation dont la gravité n'a échappé à aucun pays, surtout qu'elle a eu lieu dans l'enceinte de l'organisation internationale, dont la mission principale est de défendre et de protéger les Etats membres. Mais surtout une déclaration de guerre contre un Etat voisin qui, pour la circonstance, a fait preuve de sagesse et n'a rien fait qui puisse aller jusqu'à l'irréparable. Les aventures, ou mésaventures, de la monarchie alaouite ne s'arrêtent pas là. La voilà impliquée jusqu'au cou dans des scandales. Elle a acquis le puissant logiciel espion Pegasus, grâce auquel elle espionnait jusqu'à 6000 Algériens, entre journalistes, hommes politiques, très hauts responsables et chefs de parti. Le pot aux roses a été découvert et dénoncé par un groupement de journaux occidentaux. Rabat a poussé l'audace et le culot jusqu'à espionner son grand protecteur sans l'appui duquel la monarchie se serait depuis longtemps effondrée. Il s'agit de la France, dont le président Macron, 15 de ses ministres, des journalistes connus et d'autres personnalités ont été sous la loupe de Pegasus. Le ministère algérien des Affaires étrangères, déjà «outré par le soutien marocain à l'éclatement du pays», a déclaré qu'à la suite de la découverte de ce scandale, «l'Algérie se réserve le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte». On ne sait pas si Rabat va comprendre le sens profond de ce message. Cela nous amène à nous poser des questions. Pourquoi le Maroc s'est-il mis à vouloir jouer dans la cour des grands, jusqu'à vouloir trahir son protecteur de toujours ? Pourquoi ce regain d'agression contre l'Algérie ? S'est-il senti pousser des ailes depuis que le fasciste Trump s'est mis à reconnaître la «marocanité» du Sahara occidental ? En échange de quoi Rabat a établi officiellement des relations diplomatiques avec Israël. Ce dernier n'a pourtant rien donné en échange. Du moins publiquement. Le pouvoir marocain, emporté par sa suffisance, a cru que l'Algérie, minée par la politique de Bouteflika, confrontée au réveil du peuple algérien avec le hirak, est trop affaiblie pour pouvoir résister aux coups de boutoir. Les Marocains sont allés jusqu'à tenter l'aventure avec un phénomène qu'on appelle MAK et auquel seul le pouvoir a accordé une notoriété qu'il n'a jamais eue et qu'il n'aura jamais. Des faux calculs comme sait en faire le Maroc, le seul pays en Afrique qui vit uniquement avec des rêves d'expansion contraires aux intérêts du peuple marocain. La communauté internationale va-t-elle continuer à s'acoquiner avec un régime qui ne peut vivre qu'avec une tension permanente avec son voisinage ? Advertisements