La d�cision de Juan Carlos 1er de se rendre � Ceuta et � Melilla est, en toute vraisemblance, la r�ponse aux promesses-engagements que Nicolas Sarkozy, le pr�sident fran�ais, aurait pris avec ses interlocuteurs marocains lors de son s�jour � Rabat. Les Espagnols, par ce geste hautement symbolique, signifient � la France leur refus de voir figurer le statut des pr�sides espagnols de Ceuta et Melilla dans le n�buleux et fantastique projet d��Union m�diterran�enne � de l�actuel locataire de l�Elys�e. Selon des sources traditionnellement proches du dossier, le pr�sident fran�ais aurait, en effet, dit � son h�te, le roi Mohammed VI, sa �conviction� et sa �disponibilit� � trouver un arrangement avec Madrid sur le statut final des deux enclaves espagnoles au Maroc. Moyennant des contrats de l�ordre de 3 milliards de dollars et s�assurant d�une ob�issance quasi absolue sur toutes les questions int�ressant la France, Nicolas Sarcozy pouvait, en effet, aller � des d�clarations caressant le pouvoir makhz�nien dans le sens du poil. D�o�, relevons-le, ses propos tout en admiration devant le �projet d�autonomie� sur le Sahara occidental que Rabat vient substituer aux plans de paix de l�ONU et � la l�galit� internationale. Le renseignement espagnol, tr�s implant� dans le royaume ch�rifien a, donc, concernant Ceuta et Melilla, tr�s vite instruit Madrid des insinuations sarkoziennes. Le pr�sident fran�ais ira jusqu�� faire croire aux autorit�s marocaines, selon les recoupements les plus cr�dibles que �l�Union m�diterran�enne serait le cadre idoine pour que l�Espagne et le Maroc trouvent une solution au probl�me�. Madrid, pourtant, ne consid�re pas Ceuta et Melilla comme relevant d�un quelconque arbitrage fran�ais, europ�en ou international. L�Espagne n�a pas tort. Ceuta et Melilla, pr�sides espagnols en territoire marocain, n�ont jamais, faut-il le relever, appartenu au Maroc. Elles font partie de l�Espagne depuis les XVe et XVIe si�cles. Bien avant la cr�ation de ce qui deviendra, ensuite, le Maroc. Rabat n�ayant, d�ailleurs jamais, au-del� des gesticulations, des campagnes de presse sans lendemain ou des d�clarations destin�es plus � l�opinion marocaine qu�� un autre dessein, introduit ni de recours ni de plainte devant un quelconque organisme international comp�tent. Ni l�ONU, ni la Cour de La Haye, ni l�Union europ�enne, ni l�Union africaine n�ont �t� saisies par le Maroc sur Ceuta ou sur Melilla. Rabat dans ses folies de grandeur a toujours, cependant, connu ses limites. Avec l�Espagne, il ne tentera ni �marche verte�, ni �marche blanche� ni quoi que ce soit pour r�cup�rer les enclaves m�diterran�ennes espagnoles situ�es sur son sol. Il utilisera, seulement, cette donne pour obtenir de l�Espagne de la cl�mence et de la compr�hension concernant la �marocanit� du Sahara�. Madrid sait cela. En d�p�chant Juan Carlos dans ses pr�sides de Ceuta et de Melilla, l�Espagne s�adresse � la France et non pas au Maroc.