La forêt de pin d'Alep, occupant le sud de la wilaya de Béjaïa, sur la rive droite de la Soummam, s'étendant de Seddouk à Tamokra, jusqu'aux confins d'Ighil Ali, est en proie à la dégradation. Cette espèce sylvestre, de la même famille que le pin pignon et le pin maritime, avec lesquels elle partage la même rusticité et une relative plasticité écologique, accuse un recul constant des limites latitudinales de son aire de répartition, lequel empiète sur les territoires des communes limitrophes, à l'image de Bordj Bou Arréridj et de Sétif. Cette ceinture boisée, faisant office de poumon vert et de niche écologique, subit les coups tordus du défrichement anarchique, de l'aridité accrue du climat et des retombées néfastes de la pollution. La déforestation sauvage, causée par les coupes illicites et inconsidérées des arbres, est à l'origine d'une réduction hallucinante du potentiel de ce couvert végétal. Les incendies de forêt, marqués par leur fréquence élevée et leur intensité accrue, avalent régulièrement de larges parcours boisés. Les cônes du pin d'Alep, qui éclatent sous l'effet de la chaleur des brasiers, sont projetés sur des dizaines de mètres à la ronde. Ils deviennent ainsi des propagateurs des foyers d'incendie. Si bien qu'après chaque sinistre, la pinède se retrouve affreusement amputée. Le faible taux d'hygrométrie ambiante, conjugué à la hausse du mercure, pose un sérieux problème. Autant, ils favorisent l'embrasement de la forêt, autant ils hypothèquent sa régénération. Dans certaines régions, comme Amalou et M'cisna, on a signalé la présence invasive de la chenille processionnaire, dont le développement cause des dégâts importants à la pinède. Néanmoins, ces dommages sont sans commune mesure avec ceux induits par la main de l'homme, lesquels sont autrement plus étalés dans le temps et l'espace. En effet, encouragés par l'impunité et le laisser-faire des autorités, les actes d'empiétement sur ce domaine forestier pour dégager des zones de pacage ou ériger des constructions illicites, se multiplient. Ceci, sans occulter les distractions opérées officiellement à des fins urbanistiques, soit pour faire passer une infrastructure routière, implanter un lotissement social ou construire un équipement public. Synergie Nul doute que tous ces facteurs réunis agissent en totale synergie. Leurs effets cumulatifs participent à mettre ce patrimoine naturel sur la pente d'un déclin inéluctable. Les pertes ne sont pas, ou si peu compensées par le repeuplement via le programme national de reboisement. Les plants régulièrement mis en terre ne bénéficient pas d'un arrosage et d'un suivi appropriés, d'où des taux de reprises dérisoires. La faune, dont la pinède sert de refuge et de site de reproduction, ne peut qu'en pâtir sévèrement. Des espèces de mammifères, d'oiseaux et de reptiles, parmi les plus vulnérables, ont déjà déserté cet habitat inhospitalier. Advertisements