Ils ne se plaignaient point de la crise sanitaire durant les étés précédents. Les plages des côtes de la wilaya de Jijel attiraient beaucoup de monde, sinon beaucoup trop de monde. Les quelques hôteliers que nous avons visités à Jijel vivent une véritable déprime en dépit d'un début de mois de juillet qui laissait planer encore un peu d'espoir. La pandémie a carrément affecté la fréquentation des hôtels et même dans une moindre mesure celle des restaurants. Des restaurateurs, d'habitude très affairés de la journée, se retrouvent à poireauter le reste du temps, alors que certains ont dû se résoudre à fermer quelques jours ou engager des travaux. D'aucuns parmi les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration pensaient que l'accalmie de l'afflux des estivants à l'approche de la fête de l'Aïd El Adha et l'annonce des résultats du baccalauréat allait se dissiper pour laisser place au retour des vacanciers, d'autant qu'on continuait à effectuer des réservations par téléphone. L'annonce de la reconduction du confinement à compter du 26 juillet a été ressentie comme un coup de massue et un espoir de reprise de l'activité qui s'évanouit. L'activité baisse, certains sont contraints de mettre un peu la main à la poche pour maintenir leur activité, alors que d'autres ont carrément baissé le rideau et personne ne sait s'il y aura quelque compensation financière. A l'hôtel Nassim, Bachir Adouane, copropriétaire, nous dira : «La situation est catastrophique, on ne travaille même pas à 10% de nos capacités.» Et malgré tout ça, ajoutera-t-il : «Je ne peux renvoyer mes employés vu que le dernier a plus de 10 ans avec nous.» Le peu de recettes disponibles sont versées dans le paiement du personnel et les charges que nous n'arrivons pas couvrir en totalité, ce qui nous amène à mettre la main à la poche. Déjà déficitaire pour l'exercice 2020, notre interlocuteur jugera que «cette année, la situation s'est encore aggravée» et aucune aide ne pointe à l'horizon depuis le début de la pandémie. Même le personnel nous dira n'avoir eu aucune suite au dossier qu'il avait fourni, l'année passée, par email comme exigé. M. Adouane précisera qu'avant le reconfinement fin juillet, la situation s'était quelque peu améliorée avec l'ouverture de la saison estivale avec un remplissage de 50% des capacités de l'hôtel qui a consenti une baisse des tarifs de 40% par rapport aux années précédentes. Une situation au ralenti En conclusion, il nous dira que le tourisme à Jijel, c'est comme les huileries : on travaille deux mois, puis on s'arrête après. Du côté de l'hôtel Jazira, le tableau dressé par le responsable commercial Mohamed Sellami donne une situation au ralenti, précisant au passage que la clientèle est beaucoup plus professionnelle que touristique, ce qui fait que l'activité est étalée sur toute l'année. Une reprise a été bien ressentie, affirmera notre interlocuteur avant une rechute pour revenir à la situation de 2020. M. Sellami estimera que le taux de remplissage oscille entre 10% et 15%. «On a cru que ça allait redémarrer début juillet, mais après ça a drastiquement chuté.» Côté personnel, en dépit de la baisse des recettes, précisera-t-il, l'effectif n'a pas été touché pour le moment mis à part certains qui arrêtent quelques jours avant de reprendre leurs postes. «En matière de prévision, le planning des réservations est presque vide», regrettera notre interlocuteur, qui ajoutera que depuis 2007, c'est la première fois qu'on dépose un bilan déficitaire. Pour gérer les 36 chambres, l'hôtel qui a consenti une baisse des tarifs allant jusqu'à 20%, dispose de 29 employés qui s'occupaient, notamment de beaucoup d'étrangers qui arrivaient avant cette crise. Au niveau de l'hôtel Louis d'Or qui est à sa première saison, le préposé à la réception nous dira qu'il tourne autour de 20% en dépit d'une baisse des tarifs atteignant les 40%. Une virée du côté de l'hôtel Taghrast nous a fait découvrir un établissement ayant carrément baissé le rideau. La location chez l'habitant aussi a pâti aussi cette année bien que les affichettes avec des numéros de téléphone aient envahi le moindre espace disponible sur les murs, poteaux et autres plaques de signalisation. Les plus chanceux ont quand même pu tirer leur épingle du jeu avec l'hébergement d'estivants fuyant les températures caniculaires de l'intérieur du pays. Côté plages, si la plupart des rivages surveillés sont désertés du fait de leur interdiction, beaucoup d'autres et surtout les rivages rocheux accueillent chaque jour des centaines de baigneurs qui profitent de la fraîcheur de l'eau. Advertisements