La longue intervention américaine en Afghanistan s'est terminée dans le chaos, avec la reprise de Kaboul par les talibans. Les conséquences du retour au pouvoir des talibans pourraient être lourdes, notamment sur la sécurité dans le monde. Quelles leçons peut-on tirer du retour des talibans après 20 ans d'interventions de puissances étrangères, les Etats-Unis en tête ? Aux origines de ce désastre, les objectifs des Etats-Unis et de l'OTAN ont manqué de clarté. S'agissait-il de lutter contre le terrorisme ? Si tel est le cas, l'échec est cuisant. L'extrémisme religieux a triomphé. Al Qaîda et Daech sévissent toujours. S'agissait-il d'instaurer les bases d'un Etat démocratique ? L'actuel président américain, Joe Biden, vient d'affirmer que les Etats-Unis n'avaient pas pour but de «construire une nation» en Afghanistan. Aujourd'hui, il faut craindre le pire sur la question des droits humains : interdiction de la musique, des images, un internet limité, interdiction aux femmes de sortir sans être accompagnées et totalement voilées, fermeture des écoles pour les filles, et la liste est longue. Les Nations unies ont exprimé des inquiétudes sérieuses concernant les droits de l'homme dans ce pays, que des milliers de personnes tentent désespérément de fuir. L'Administration américaine, qui criait sur tous les toits qu'elle avait «toutes» les solutions sur le dossier afghan, s'est embourbée dans un terrain complexe. Les Etats-Unis sont moralement co-responsables envers ceux qui sont aujourd'hui menacés dans ce pays. Le début de l'extrémisme religieux en Afghanistan ne datait pas du 11 septembre 2001, quand les Etats-Unis avaient lancé une offensive militaire menée avec les Afghans de l'Alliance du Nord et le soutien de l'OTAN pour chasser les talibans du pouvoir, que ces derniers détenaient depuis 1996. L'extrémisme religieux a commencé à s'épanouir dans ce pays dans les années 1970, avant d'être soutenu par les Etats-Unis dans les années 1980 contre l'Union soviétique, en pleine guerre froide. L'intervention occidentale rentre-t-elle plutôt dans des enjeux géopolitiques et d'intérêts économiques inavoués ? Les puissances étrangères ont des intérêts dans le sous-sol afghan, qui regorge de matières premières. Aujourd'hui, l'Afghanistan est au centre d'enjeux éminemment géopolitiques. La Chine, qui s'est rapprochée des talibans, pourrait jouer un rôle de premier plan dans l'exploitation des matières premières. Le Pakistan, qui est un acteur-clé dans ce dossier afghan, a fortement aidé les talibans et encouragé leur progression. L'essentiel des relations commerciales passe par le Pakistan et l'Iran. Au milieu de tous ces enjeux, seule une voix est pleine de sagesse et de bon sens : celle d'Angela Merkel qui a appelé la communauté internationale à aider le peuple afghan sous peine de risquer une nouvelle crise migratoire. La chancelière allemande a prévenu que les Afghans fuyant leur pays après la prise de contrôle des talibans pourraient faire route vers l'Europe, pour donner ainsi lieu à une nouvelle crise migratoire d'une grande ampleur, s'ils ne reçoivent pas d'aide humanitaire. Advertisements