Les malades atteints de pathologies autres que le Covid-19 ne savent plus à quel saint se vouer. La décision du ministère de la Santé de réserver les établissements de soins aux seuls cas atteints du coronavirus a pénalisé les autres malades. Ainsi, au service de traumatologie du CHU Mustapha Pacha (Bichat), des patients attendent désespérément depuis plusieurs mois une réelle prise en charge. C'est le cas de Mme Cherifi Yamina, 72 ans, atteinte d'un cancer et dont l'opération prévue au service du Pr Kara n'a pas encore été programmée. A chaque fois, la même réponse est fournie à la concernée : «Le service manque d'oxygène». «Nous sommes en attente de l'opération depuis au moins deux mois. On nous a traînés de médecin en médecin. Entre-temps, l'état de santé de ma femme périclite. Ses douleurs sont devenues atroces. Même les barbituriques ne sont pas d'un grand secours», s'alarme le mari de la malade, qui s'est présenté à la rédaction d'El Watan. Notre interlocuteur réclame une prise en charge rapide de sa femme souffrante. «Je suis impuissant devant cette situation. Les poches de glace que je mets sur l'épaule de ma femme ne servent à rien. Qu'ils nous donnent un rendez-vous dans les plus brefs délais pour opérer ma femme», lance le mari, qui s'étonne qu'un établissement aussi important que le CHU Mustapha Pacha ne dispose pas de suffisamment d'oxygène pour prendre en charge les patients dont la vie est en danger. L'Algérie était aux prises ces derniers jours avec une troisième vague d'infections liées à la Covid-19. Arrêt des interventions chirurgicales Les autorités de santé ont décidé d'arrêter les opérations des autres services, provoquant une détresse immense parmi les malades, parmi lesquels de nombreux cancéreux, réduits à faire le pied de grue au niveau des établissements de santé. Cités par l'APS, des oncologues ont estimé que la pandémie actuelle avait «fortement» impacté la qualité de la prise en charge des malades atteints de maladies chroniques en général et des cancéreux en particulier. S'exprimant à l'occasion de la célébration d'Octobre Rose de lutte contre le cancer du sein (octobre 2020), le Dr Amina Abdelouahab, sénologue au CPMC, a indiqué que la situation sanitaire exceptionnelle que vit le pays «a grandement impacté la qualité des soins prodigués aux malades chroniques, notamment les patientes atteintes du cancer du sein qui se répand beaucoup plus chez certaines catégories d'âge parmi les femmes». L'amélioration ces derniers temps de la situation sanitaire liée à la pandémie dans les hôpitaux (décrue des cas de Covid) devrait pousser le ministère de la Santé à autoriser le retour rapide à une activité normale dans les services dédiés aux soins Covid. Par ailleurs, les patients souhaitent l'installation de générateurs d'oxygène au CHU Mustapha, et ainsi éviter les drames vécus par les malades ces derniers mois. Advertisements