Le groupe Regards de la jeune génération sur les mémoires franco-algériennes est formé par des descendants de militaires français, de harkis, de rapatriés ou de combattants du FLN. Ils se prénomment Adèle, Alfred, Alma, Clémence, Gautier, Julia, Lina, Linda, Lucie, Maya, Nabil, Nour, Sana, Valentin, Yoann. Après une rencontre avec le chef de l'Etat Emmanuel Macron en décembre dernier, ils ont préparé des propositions qu'ils devaient lui remettre. On y apprend que le groupe n'est pas du tout apparu spontanément mais que depuis juin 2021 il travaille, dans la foulée du rapport Stora. Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie» remis au Président Macron en janvier 2021. L'objet, avec l'aide de Cécile Renault, directrice de projet au sein de l'Elysée et chargée de mettre en œuvre les préconisations de ce rapport, «de réfléchir, d'échanger et d'apporter notre vision sur l'apaisement des mémoires franco-algériennes. Le résultat de notre travail se présente sous forme de messages, adressés au président de la République», rapporte Le Monde qui a eu la primeur de ce travail de mémoire très particulier par sa composition puisqu'il mélange quinze jeunes adultes, âgés entre 18 et 35 ans, étudiants ou dans la vie active, d'horizons variés, mais ayant tous un lien familial avec cette histoire. Nos grands-parents ou arrière-grands-parents ont été combattants indépendantistes, appelés, harkis, rapatriés, pieds noirs, juifs d'Algérie, militaires français ou encore membres de l'Organisation armée secrète (OAS)». Mettre tout dans un pot commun en liant aussi bien les descendants de combattants FLN que ceux des fascistes de l'OAS, voilà bien qui paraît risqué mais ne rebute pas le groupe : «Nous sommes tous animés par la même volonté : apaiser ces mémoires, les reconnaître dans leur singularité, panser les plaies encore présentes dans notre société et œuvrer à la réconciliation et à la construction d'un futur partagé pour les nouvelles générations.»Parmi les projets qu'ils espèrent porter : l'enseignement, la création d'un musée/institut, les témoignages, les lieux de mémoire et les échanges entre jeunes, ainsi que les figures et gestes symboliques. La télévision publique devra vivre au rythme des dates commémoratives Sur l'enseignement, le groupe considère que l'Algérie et la guerre d'Algérie sont insuffisamment traitées : «La plupart des Français nés dans les années 1990 terminent leurs études sans avoir jamais étudié cette guerre à l'école.» Ils reconnaissent que «cette guerre devrait par ailleurs être inscrite dans le temps long de la colonisation, cette dernière devant elle aussi faire l'objet de plusieurs heures d'études». En multipliant les moyens didactiques à cet effet. Sur le modèle du concours de la Résistance française (1940-1944), le groupe estime «qu'il serait pertinent de créer un concours scolaire sur les mémoires de la guerre d'Algérie.» Ils souhaitent «une politique culturelle ambitieuse dotée de moyens financiers et matériels et permettant de lancer la création de documentaires ainsi que la production cinématographique. La télévision publique devra ainsi vivre au rythme des dates commémoratives en diffusant et en rediffusant ces productions audiovisuelles». Enfin, ils portent de leurs vœux la création d'un Musée de l'histoire de la France et de l'Algérie qui, pensent-ils, serait «essentiel à l'apaisement des mémoires. Nous y voyons un outil pour les réconcilier, mais aussi mettre en lumière la vérité historique et construire un futur commun pour les nouvelles générations. Créer un lieu dédié à cette histoire constitue à la fois un symbole et une forme de reconnaissance». Ils proposent d'autre part la création d'une médiathèque de ressources en ligne : «Ce serait à la fois une banque de données avec une sélection de ressources culturelles existantes sur la question mais aussi des livres numériques édités en Algérie sans distributeurs en France. Cette médiathèque pourrait aussi accueillir une carte de France dynamique recensant les lieux de mémoire existants et des témoignages.»Ils concluent que leur message est de «reconnaître que nous appartenons tous à la même histoire et que cette histoire, c'est aussi celle de la France, dans tous ses aspects». Advertisements