Nous sommes très satisfaits du taux de suivi de la grève qui a atteint (hier, ndlr) les 85% vers 12h. Les enseignants ont suivi le mot d'ordre de protestation dans tout le pays. Ils se sont mobilisés pour répondre à la campagne d'intimidation orchestrée par les ministères de l'Education et du Travail », déclarait hier, l'air satisfait, un représentant du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). Les enseignants ont démontré, selon lui, à travers cette action leur capacité de mobilisation. En effet, une grande partie des enseignants des lycées de grandes villes, telles qu'Alger, Annaba, Constantine, Oran, El Tarf et Skikda, ont débrayé. « Aujourd'hui, la preuve a été donnée au ministère du Travail qui a de tout temps remis en cause notre représentativité. C'est là la meilleure preuve que nous pouvions donner à ceux qui nous traitent d'agitateurs et de perturbateurs. C'est également une façon de prouver notre existence sur le terrain de la contestation. » Nous devons donc être reconnus comme étant un partenaire social », a indiqué un autre enseignant. Comme à chaque action initiée par le Cnapest, les pouvoirs publics ont trouvé matière à redire sur la représentativité de ce syndicat. C'est ainsi que le taux de 85 % avancé par le Cnapest a été qualifié de « fictif » par les responsables du ministère de l'Education nationale. « Comment 60 000 enseignants répartis à travers 1400 établissements secondaires ont pu faire pour recenser un chiffre aussi absurde. Notre département avec tous les moyens dont il dispose, en effectuant des sondages et en consolidant régulièrement les informations émanant de la base, n'a pas recueilli ce chiffre qui relève de l'imaginaire », dira un représentant du ministère l'Education. Notre interlocuteur limitera, chemin faisant, le taux de suivi de la grève du Cnapest à 27%. Il ajoutera que « le ministère refuse de polémiquer sur les chiffres ». « Ce qui nous préoccupe aujourd'hui, ce sont les conséquences de cette journée de protestation sur les élèves. Cela est valable notamment pour ceux qui préparent le baccalauréat », a indiqué un responsable du ministère de tutelle qui souligne que des sanctions seront prises à l'encontre des enseignants ayant abandonné leur poste de travail. Pour les représentants du Cnapest, les commentaires du ministère de l'Education sont brandis comme une preuve du refus de cette institution de dialoguer et de négocier. « Nous ne faisons pas une journée de protestation avec gaieté. Notre attitude nous a été imposée par le ministère de l'Education qui refuse d'écouter nos doléances. Evidemment, nous nous soucions de nos élèves. Nous sommes persuadés que l'amélioration de nos conditions de travail contribuera à offrir un environnement de travail profitable à l'élève », a relevé un enseignant qui soutient qu'un conflit social ne peut se régler qu'avec des lois sociales et non via la confrontation. « Si le ministère de l'Education croit pouvoir régler le problème en nous traînant devant les tribunaux et en nous traitant comme des criminels, il se trompe. On essaye de nous acculer, de nous menacer et de nous intimider, mais nous n'avons pas peur. La dignité de l'enseignant passe avant tout. Aujourd'hui, nous sommes là pour dénoncer ce procédé », dira une enseignante du lycée Amara Rachid. Promesses non tenues En outre, cette même enseignante trouve que les enseignants sont frappés d'injustice. Elle ajoute que toutes les promesses faites par le ministère de tutelle allant dans le sens d'une prise en charge de leurs revendications n'ont pas été tenues. « L'enseignant n'a bénéficié d'aucun avantage. Son salaire de base n'a pas changé alors que le pouvoir d'achat s'est complètement dégradé. Les commissions installées pour se pencher sur les problèmes des PES n'ont, à ce jour, pas encore rendu leurs conclusions et les enseignants continuent d'être réprimés. Que peut-on faire face à ces problèmes ? C'est la raison pour laquelle nous avons eu recours au débrayage », a-t-elle affirmé, déçue de constater qu'en 2005 on tente encore d'emprisonner des enseignants qui ont voulu exercer une activité syndicale. A l'occasion, le Cnapest a réitéré son appel au dialogue au ministère de l'Education. Les enseignants veulent ainsi l'ouverture de négociations autour des dossiers de la retraite, des salaires et du « statut de l'enseignant qui tarde à venir ». Ils souhaiteraient également poser le problème des retards dans le paiement des travailleurs. Les responsables du Cnapest exigent aussi que leur soit remis le récépissé d'enregistrement du dossier d'agrément qu'ils ont déposé au ministère du Travail l'année dernière. « Le ministère du Travail parle beaucoup de démocratie. C'est en principe le jeu loyal et transparent. Si c'est le cas pour lui, il doit alors se conformer aux lois du pays, car en ce qui nous concerne nous sommes dans la légalité », relève un représentant du Cnapest qui trouve anormal que, depuis le 22 novembre 2004, le ministère du Travail refuse de leur délivrer le document en question.