Pour le Chef du gouvernement, son déplacement à Agouni-Arous est un geste de l'Etat algérien envers les martyrs. C'est en présence du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qu'a été commémoré hier, à Agouni-Arous, dans la commune d'Aït Mahmoud, le 4e anniversaire de l'assassinat du premier martyr du Printemps noir, Guermah Massinissa. Ce qui n'était la veille qu'une simple rumeur aux yeux de la plus grande partie de la population de la région finira bien par se confirmer le lendemain. Hier matin encore, dans les rues de Tizi Ouzou comme un peu partout en Kabylie, on ne croyait pas trop à cette visite pourtant confirmée par la presse. Mais pour les habitants d'Agouni-Arous, elle est devenue réalité. Sur la place principale de ce paisible village de Kabylie, il y avait plus de policiers que de citoyens. “On se croirait dans une cérémonie officielle”, dira un citoyen surpris par cette présence massive des services de sécurité. Les délégués des archs visiblement excités par l'ampleur de l'événement s'occupaient encore des derniers préparatifs. 10h30, le cortège arrive et l'invité de marque des archs, Ahmed Ouyahia, accompagné par le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbas, et du wali de Tizi Ouzou, fait son apparition. Un accueil des plus chaleureux lui sera réservé. Entouré par les délégués, les parents de martyrs et les citoyens, bien que peu nombreux, Ouyahia, après une petite pause dans la maison des Guermah, se dirigera vers la tombe du regretté Massinissa, celui qui inaugura la longue liste des martyrs du Printemps noir, pour se recueillir à sa mémoire et à celle, dira-t-il, de tous ceux qui sont tombés sous les balles des gendarmes entre 2001 et 2003. En compagnie de Bélaïd Abrika, Ouyahia déposera une gerbe de fleurs et observera une minute de silence sur fond de Kassamen version Matoub Lounès. En écoutant “Aghuru”, Ouyahia était quelque peu mal à l'aise au moment même où les délégués du mouvement citoyen exhibaient le V de la victoire. Certes, la visite du Chef du gouvernement était courte mais fortement symbolique quant à une solution définitive à la crise de Kabylie. Lors d'un entretien avec quelques parents de martyrs, le représentant de l'Etat a déclaré que “ce geste de considération et de soutien est fait au nom de l'Etat algérien à l'endroit de toutes les familles des victimes des événements de Kabylie”. Khaled Guermah, le père de Massinissa, a affirmé qu'Ouyahia a même demandé pardon, en son nom personnel et au nom de l'Etat, aux 126 familles de martyrs et qu'il a réaffirmé son engagement concernant le jugement des gendarmes impliqués dans les assassinats commis en Kabylie. Devant les délégués du mouvement citoyen, il a encore une fois réaffirmé son engagement et sa disponibilité à poursuivre la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Ouyahia quittera les lieux à 11h30 laissant derrière lui des délégués grandement satisfaits de son passage. Bélaïd Abrika, à l'instar de nombreux autres délégués, estime que “voir un représentant de l'Etat s'incliner devant la mémoire de nos martyrs est un geste fort !” Pour lui, cela pourra même constituer le point de départ d'une nouvelle étape : celle du changement. Un changement auquel croit aussi Khaled Guermah maintenant que “l'Etat a reconnu son entière responsabilité dans le massacre commis en Kabylie”. Les festivités commémoratives se sont poursuivies avec la prise de parole des membres de la délégation chargée du dialogue. Ces derniers ont encore une fois présenté le bilan des acquis arrachés au profit de la Kabylie et l'état d'avancement du dialogue. À l'occasion, Abrika expliquera que le statut des martyrs sera finalisé incessamment et qu'il y aura encore du nouveau. S. L.