Plus de 500 asthmatiques sont pris en charge par les médecins de la seule polyclinique Bendaoud, relevant du secteur sanitaire Oran-ouest. Une hausse fulgurante des cas enregistrés, une méconnaissance totale de la pathologie par les malades et leur entourage, une anarchie dans sa prise en charge, des malades perdus dans la nature et un constat alarmant de l'état de l'asthme chez nous ont amené deux médecins de cette structure sanitaire à créer « Bouffée d'air », une association qui se veut, comme son nom l'indique, une aide et un soulagement pour ces centaines d'asthmatiques. « L'objectif principal est de mettre en place l'école de l'asthme, à travers laquelle une meilleure connaissance et, par conséquent, une meilleure prise en charge et maîtrise de l'asthme et de sa chronicité seront possibles. Nos enfants malades ont besoin d'une telle structure pour leur permettre une vie normale à laquelle ils ont droit », explique le Dr Hamadi, présidente de l'association. Le rejet de l'asthme, souvent considéré comme une maladie honteuse, et par le patient et par son entourage, est l'une des causes directes de cette mauvaise prise en charge tant sur le plan médical que psychologique, affirment les médecins. « Au bout d'une année ou deux, on constate une aggravation de l'état du malade, alors qu'il aurait été possible de le stabiliser et d'éviter une détérioration de l'état de ses bronches qui peut facilement évoluer vers une insuffisance respiratoire si l'asthme reste mal traité et sans suivi régulier. En ce sens, on vise, en tant que praticiens, mais notamment par le biais de cette association, à inciter les malades qui vivent dans l'angoisse de manquer d'air et d'y mourir, à défaut d'une bouffée, à construire leur avenir respiratoire », ajoute le Dr Belguermi qui reçoit quotidiennement des dizaines de malades, de l'âge du nourrisson jusqu'à l'âge adulte, en crise d'asthme. l'allergie en hausse Par ailleurs, il est constaté une évolution parallèle et encore plus importante de l'allergie sous ses formes différentes. Nos interlocutrices soulignent que la progression de l'asthme reste très liée à celle de l'allergie. « Une allergie non traitée évolue systématiquement vers un asthme », avance le Dr Belguermi. Notons que 70% des asthmatiques ont une rhinite allergique. Les causes de cette progression reste, entre autres, la pollution, notamment atmosphérique. Les répercussions de la maladie, surtout sur l'enfant, sont une scolarité très perturbée, un état de fatigue, un mal-être, le bouleversement de la famille qui refuse la maladie et, surtout, des crises d'asthme qui se font à un rythme de plus en plus accéléré. Depuis sa création en mai 2004, l'association compte 300 asthmatiques adhérents. Elle vise à assurer une éducation sanitaire pour les malades et leurs familles, une formation continue pour les médecins. Des manifestations scientifiques et culturelles qui traitent de l'asthme et auxquelles prennent part des enfants asthmatiques, et ce pour leur permettre de mieux s'adapter à leur vécu avec leur pathologie. Les membres de l'association souhaitaient mettre en place l'école de l'asthme au courant de cette année, mais une aide et un soutien qui ont fait défaut à ce moment là ont retardé la concrétisation très proche de cette bouffée d'air pour les enfants asthmatiques d'Oran. Cependant, un challenge a été lancé par ces derniers de faire, de l'année prochaine, un rendez-vous pour tous ces enfants au sein de leur école, où il sera assuré activités sportives, culturelles et surtout une éducation sanitaire.