Prolifération de bazars, manque d'hygiène, spéculation, contrefaçon, commercialisation de produits prohibés... Autant de manquements que le commun des citoyens peut relever en faisant une simple virée dans nos rues et marchés. Les atteintes à la santé et à la sécurité du consommateur sont quotidiennes sans pourtant que quelqu'un s'en émeuve. A qui se plaindre ? Une question que le consommateur algérien se pose, mais à laquelle il ne trouve toujours pas de réponse. Constituant ailleurs le défenseur acharné des consommateurs et leur principale arme contre les prédateurs et les spéculateurs du marché, les associations de protection des droits du consommateur en Algérie n'arrivent toujours à se faire entendre et s'affirmer en tant qu'interlocuteur des pouvoirs publics. Pis, ils sont beaucoup à ignorer leur existence. Pourtant, si l'on se fie aux statistiques du ministère du Commerce, elles sont pas moins d'une soixantaine d'associations réparties sur l'ensemble du territoire national qui ont été agréées. L'on comprend mal alors la léthargie dans laquelle sont plongées ces associations face au nombre indéterminé de dépassements et d'atteintes à la sécurité et à la santé du consommateur algérien. Les cas d'intoxications alimentaires et de la vente de produits avariés alimentent presque quotidiennement les colonnes de la presse nationale. Des subventions sont pourtant octroyées à ces associations pour leur fonctionnement. Subvention D'après les chiffres communiqués par une source du ministère du Commerce, 20 millions de dinars ont été octroyés, en 2003, à une quarantaine d'associations de protection du consommateur au titre des subventions. En 2004, ce sont 10 millions de dinars répartis sur une trentaine d'associations. Des subventions qui, souligne notre source, « ne sont octroyées qu'aux seules associations disposant d'un programme d'action, lequel doit être avalisé par une commission instaurée par une décision ministérielle ». Ces associations, ajoute la même source, « sont considérées comme partenaires du ministère du Commerce qui les consulte dans toutes les démarches qu'il entreprend en direction du consommateur ». C'est le cas notamment pour le projet de loi sur la protection du consommateur et la répression des fraudes et du projet de décret exécutif relatif à l'étiquetage des produits alimentaires dont l'élaboration, fait savoir notre source, « a été faite en concertation avec les associations ». Inefficience Sur la soixantaine d'associations agréées, seulement une seule a un caractère national : l'Association algérienne de promotion et de protection du consommateur (APPC). Créée en 1994, l'APPC s'est tracé comme mission, note son président M. Ketfi, de « protéger la santé du consommateur, sa sécurité vis-à-vis des produits mis sur le marché et son intérêt matériel ainsi que son pouvoir d'achat ». Une mission dont il reconnaît la difficulté en Algérie eu égard à la dégradation incessante de nos marchés. « Il n'y a même plus de marché digne de ce nom, il n'y a que des bazars », tient-il à relever. Le consommateur algérien ne consomme pas, d'après lui, « des produits propres en raison du non-respect des consignes d'hygiène ». Interrogé sur l'apport de l'association, M. Ketfi dira : « L'APPC reçoit, enregistre les plaintes des consommateurs et les transmet aux pouvoirs publics à qui nous demandons d'intervenir. » Mais en voulant savoir le nombre de plaintes enregistrées par l'association, aucune réponse ne nous a été donnée. Ce manque d'organisation est imputé par le président à la modestie des moyens dont dispose l'association. L'APPC, malgré son ancienneté, souligne-t-il, n'a eu un local que récemment à Alger. Avant, c'est la maison de l'un des membres fondateurs qui faisait office de siège de l'association à Blida. « Les cotisations des adhérents sont symboliques. Elles ne couvrent pas grand-chose », lâche avec amertume M. Ketfi. « Notre mission exige des moyens matériels et humains », explique-t-il, car « beaucoup reste à faire en direction du consommateur algérien ». Un consommateur qui, reconnaît-il, « ne connaît pas encore l'existence de l'association ». En évoquant la subvention de l'Etat, notre interlocuteur ne cache pas sa gêne : « On aimerait, bien qu'on ne touche pas cette subvention, garder notre autonomie. » D'ailleurs, nous fait-il savoir, « l'Association internationale de protection des droits du consommateur nous interdit de toucher des subventions de l'Etat ». Le manque d'intérêt de la part des médias nationaux à la question de la promotion et de la protection des droits du consommateur est aussi un des facteurs qui est, selon le président de l'APPC, « à l'origine de la faiblesse du mouvement associatif activant dans ce domaine d'intérêt général ».