Avec la multiplication constante des bazars, le manque d'hygiène, l'ampleur que prend la contrefaçon, et la prolifération des produits non conformes aux normes de consommation, la sécurité et la santé du consommateur sont quotidiennement menacées. Un arsenal juridique a été mis en place pour contrecarrer tous ces phénomènes.Les dispositions de la loi n°09-03 du 25 février 2009 relative à la protection du consommateur et à la répression des fraudes sont sans appel : des peines pouvant aller jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité et de fortes amendes allant de 1 à 2 millions de dinars peuvent être prononcées contre quiconque porte atteinte à la santé du consommateur. Cependant, sur le terrain, beaucoup de choses restent à faire ou à parfaire. C'est du moins l'avis des experts présents, hier, au forum d'El Moudjahid à Alger, invités à prendre part à une table ronde portant sur l'application sur le terrain de la loi sur la protection du consommateur. Durant cette rencontre, les points de vue des invités étaient plus au moins divergents. Cependant, les participants sont unanimes à dire que la responsabilité est partagée entre le producteur, les autorités et le consommateur. Pour en finir avec ce phénomène qui porte préjudice à la santé du citoyen et à l'économie nationale, il faut un contrôle rigoureux. Et " le contrôle nécessite une organisation, des mesures d'appui ainsi que la mise en place des certifications de conformité…mais malheureusement ce n'est pas le cas en Algérie. Le contrôle doit être une action intersectorielle qui englobera tous les ministères ainsi que le consommateur ", a indiqué Mme Lebkiri Hassina, directrice par intérim à la direction générale du contrôle économique et la répression des fraudes au ministère du Commerce. Mme Yasmina Taya Ouzrout, présidente de la Fédération mondiale des femmes chefs d'entreprise, dira, de son côté, que " les normes concernant les produits alimentaires doivent être davantage vulgarisées. Il faut sensibiliser encore plus le citoyen sur la portée du respect des normes d'hygiène de ces denrées". En ce qui concerne les normes industrielles, Mme Ouzrout dira que " l'Etat doit avoir une attitude préventive avant de passer à l'attitude répressive, en ce qui concerne le contrôle de la fabrication des produits au niveau des usines ". M. Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME ainsi que le représentant de HB Technologie ont plaidé pour la création d'un organisme de référence reconnu mondialement qui aura la charge de certifier et de remettre des accréditations aux produits. Selon eux, la seule façon par laquelle le produit algérien pourrait être défendu au niveau des marchés extérieurs et éviter son refoulement, c'est de le doter d'une norme approuvée par un organisme agréé mondialement. Les deux participants ont conjointement plaidé également pour le renforcement des moyens des laboratoires existants et accroître le nombre des différents intervenants dans le domaine de la protection du consommateur. Tout en soutenant que les pouvoirs publics ont déjà renforcé le cadre juridique inhérent à la normalisation, l'accréditation et la métrologie, le représentant du ministère de Commerce, M. Akli Abdelhalim, a tenu à rappeler qu'en matière de laboratoires l'Algérie a également consenti beaucoup d'efforts. Il cite la réalisation du laboratoire national de métrologie et la création de 15 antennes à travers le pays ainsi que la réalisation de trois laboratoires spécialisés en qualité et normalisation respectivement à Sidi Abdallah (Alger), Constantine et Ouargla. Le représentant du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Belkacemi Djabellah a saisi l'occasion pour indiquer que dans le cadre du programme Meda II, le département de Temmar compte lancer incessamment des appels d'offres concernant la certification aux normes européennes de 50 produits au profit d'opérateurs économiques nationaux. Il soulignera également que le ministère en question a revu à la hausse, de 50 et 80%, l'aide consentie par les pouvoirs publics en matière de certification. H M.