« Toute contrefaçon est à la limite tolérable sauf dans deux cas : le médicament et la pièce de rechange parce que cela tue. »La déclaration émane du président de l'Organisation mondiale des douanes (OMD) lors de la réunion des directeurs africains des Douanes tenue l'année dernière à Alger. Si, pour les médicaments, l'Algérie semble être à l'abri de la contrefaçon, pour les pièces de rechange, le trafic illicite et la contrefaçon ont atteint un seuil alarmant. Soulevé à chaque occasion par les industriels et les fabricants, le phénomène n'a toujours pas eu le traitement qu'il faut des pouvoirs publics. Pis, la vente des produits contrefaits se développe en toute légalité en Algérie. En l'absence de véritable stratégie de lutte contre ce fléau ravageur, une proposition vient d'être émise par l'Union des professionnels de l'industrie automobile et mécanique (UPIAM), une des plus anciennes associations de professionnels en Algérie, pour stopper un tant soit peu l'étendue des dégâts causés à l'économie nationale et à la sécurité des consommateurs. Il s'agit de la mise en place d'un organisme de contrôle technique. Ce dernier, note le président de l'UPIAM, M. Brahim Bendriss, devra permettre de déterminer si les pièces de rechange importées pour être commercialisées répondent aux normes algériennes et à celles des constructeurs. C'est un organisme, dit-il, que les Français et nos voisins tunisiens ont créé pour protéger leur industrie mécanique. Aussi, fait savoir M. Bendriss, l'UPIAM a proposé la création d'un centre d'études techniques, dont la mission sera d'« aider les entreprises algériennes à faire évoluer leurs produits ». L'absence de traditions d'éthique commerciale et la faiblesse du pouvoir d'achat du consommateur algérien sont, estime notre interlocuteur, parmi les facteurs de la prolifération de la contrefaçon en Algérie. Outre le danger qu'elle représente sur la santé et la sécurité du consommateur, la prolifération de ce phénomène, indique-t-il, « influe considérablement sur la décision des investisseurs étrangers désirant venir s'installer sur le marché national ». « Les investisseurs ne viendront pas s'ils n'ont pas les garanties suffisantes quant à la protection de leurs industries et produits. » prolifération Le faible rôle joué par les Douanes algériennes en matière de lutte anticontrefaçon est imputé, souligne le président de l'UPIAM, « au manque criant de moyens de contrôle dont souffrent nos douaniers aux frontières ainsi qu'au manque de formation ». D'autres secteurs d'activité pâtissent également de l'ampleur prise par la contrefaçon en Algérie. L'industrie électrique figure dans le premier peloton des victimes. Plusieurs entreprises publiques ou privées relevant de ce secteur risquent de mettre la clé sous le paillasson à cause de la contrefaçon. Le cas de la société publique FILAMP spécialisée dans la fabrication des lampes à incandescence est à ce titre très illustratif. Un véritable SOS a été lancé par cette entreprise au gouvernement en été dernier l'exhortant à intervenir pour mettre fin à la concurrence déloyale à laquelle elle est confrontée. Des quantités importantes de lampes importées et contrefaites sont écoulées sur le marché national sans la moindre restriction, menaçant ainsi la survie d'une société qui fait vivre des centaines de personnes. Les entreprises étrangères installées en Algérie ne sont pas du reste épargnées par le phénomène. C'est le cas de la société Schneider Electric-Algérie, filiale du groupe français Schneider Electric, pour qui la contrefaçon constitue un sérieux problème. D'après l'un des cadres de cette entreprise chargé de la copie, « un produit sur deux de Schneider Electric commercialisé en Algérie est une imitation ».