Combien de fois les 60 associations agréées ont-elles manqué d'agir et de protéger réellement le consommateur? L'Association de promotion et de protection du consommateur (Appc), vient d'exprimer son adhésion à la décision du gouvernement relative à l'annulation du crédit-véhicule pour protéger, entre autres, l'endettement abusif du citoyen. Il est heureux qu'une association pareille existe et fasse parler d'elle. Cette sortie de l'Appc est la bienvenue, certes, mais ne devrait-elle pas se manifester plus souvent et sur le terrain? Le citoyen algérien est mis actuellement à rude épreuve qui se caractérise par une flambée inégalée des prix des produits alimentaires sur le marché. Voilà donc que l'Appc se «réveille» aujourd'hui et rend public un communiqué dans lequel elle exprime son appui à la décision du gouvernement relative à l'annulation du crédit-véhicule. Cet empressement à applaudir les décisions du gouvernement devrait trouver un écho dans la lutte contre la vie chère, la contrefaçon, les maraîchers véreux, les «ogres-maquignons» insatiables...qui continuent de saigner le pauvre citoyen, père de famille qui a du mal à assurer la présentation une «chorba» convenable sur sa meïda. Quelle a été la réaction de cette association après la valse des prix à la hausse pendant ce mois de Ramadhan? Quelle est son efficacité? Sommes-nous amenés à nous interroger. La situation est encore plus grave dans la prévention. En effet, 28% des intoxications alimentaires sont dues aux viandes et au non-respect des conditions d'hygiène et de conditionnement, notamment les oeufs, par exemple, qui sont largement utilisés dans la préparation de gâteaux au cours de la saison estivale, pendant le Ramadhan et bientôt l'Aïd qui approche. Les associations n'ont-elles pas ici un rôle prépondérant à jouer? Les services du contrôle des prix et de la répression des fraudes et disposent-ils de moyens humains et logistiques suffisants pour mener une lutte efficace contre les atteintes quotidiennes aux bonnes pratiques commerciales? Le consommateur paie les frais en s'appauvrissant chaque jour davantage. Les étals illégaux prolifèrent dans nos marchés et rues commerciales, de vrais «bazars» au sens idoine du terme où foisonnent la dangereuse contrefaçon que la vox populi appelle «Taïwan», le manque d'hygiène, les articles prohibés... Selon le ministère du Commerce, ces associations sont au nombre d'une soixantaine réparties à travers tout le pays à avoir été agréées. Où sont-elles? L'une d'elles s'est-elle manifestée lors des délestages qui ont causé d'énormes pertes aux commerçants dont la marchandise était au frigo? A cet égard, relevons toutefois que selon l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcca), plusieurs centaines de boulangers ont été récemment remboursés pour leurs pertes. Où sont ces fameuses associations alors que le citoyen a été privé ces derniers jours d'Internet malgré le règlement de sa facture auprès de l'Eepad (Etablissement d'enseignement par distance)? Autant d'interrogations qui viennent à l'esprit de ce pauvre consommateur qu'on est censé protéger. Observons par exemple ce qui se passe dans le secteur vital des transports privés de voyageurs. Une anarchie totale. C'est toujours l'usager qui trinque. Saleté repoussante des bus, entassement des voyageurs comme du bétail à livrer à l'abattoir, des arrêts intempestifs qui n'en finissent pas, indigence dans l'accoutrement de nombre des préposés au service sans parler de la vulgarité des propos dont ils usent. Cela n'est pas général heureusement! Ces dites associations devraient intervenir et mettre le holà avant que cela ne dégénère et engloutisse tous les réseaux de transport privé. Mais à qui se plaindre? L'association de protection du consommateur devrait trouver ici, comme sur les marchés et ailleurs, d'excellentes occasions pour s'affirmer d'abord en réel acteur pour le bien-être du citoyen, mais aussi, en tant qu'interlocuteur sérieux et écouté des pouvoirs publics puisque légalement agréé. Des subventions sont pourtant octroyées à ces associations pour leur bon fonctionnement, alors que l'Association internationale de la protection du consommateur interdit toute aide pécuniaire de l'Etat. L'Appc, créée en 1994, est la seule qui a une envergure nationale. Son président M Ketfi a expliqué à la presse que «les cotisations des adhérents sont symboliques...et nous souhaitons garder notre autonomie en refusant la subvention de l'Etat».