Retrouvailles hier dans la ville indonésienne de Bandoeng propulsée sur le devant de la scène internationale en pleine guerre froide. C'est ici qu'est né le Mouvement des pays non alignés en opposition aux deux blocs idéologiques qui dominaient alors les relations internationales. Et au plus fort de cette tension, un tel mouvement représentait tout de même l'écrasante majorité de la population mondiale, ou encore plus de cent Etats membres. La fin de la guerre froide devait donner un autre sens à ce mouvement qui a fêté hier dans cette même ville indonésienne son cinquantième anniversaire (24 avril 1955). Les travaux du 2e sommet afro-asiatique se sont ouverts avec la participation de plus de 90 Etats, dont l'Algérie qui est représentée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Pas moins de 60 chefs d'Etat et de gouvernement représentent leurs pays respectifs lors de cette rencontre. A l'ordre du jour de cette rencontre figure le projet d'établissement d'un nouveau partenariat stratégique afro-asiatique (NPSAA). S'agirait-il de ce fameux nouvel ordre international lancé lors du sommet d'Alger en 1973, exposé une année plus tard devant l'Assemblée générale de l'ONU réunie en session extraordinaire ? Difficile de faire le rapprochement dès lors que les relations internationales ont connu de très profondes mutations qui rendraient caduc jusqu'au dernier-né, c'est-à-dire l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les ministres des Affaires étrangères des pays des deux continents avaient adopté un projet de plan d'action qui doit accompagner le NPSAA. Ce projet est lui-même constitué de deux volets principaux, le plan de la solidarité politique qui prévoit notamment « la promotion des conditions nécessaires pour une coopération politique renforcée et l'établissement de la confiance », « la prévention des conflits et le règlement pacifique des différends, y compris par le biais d'un dialogue renforcé, la diplomatie préventive, le règlement des conflits et la reconstruction après les conflits » et « le renforcement des institutions démocratiques et la participation des populations par, entre autres, le partage des expériences et de meilleures pratiques ». Ce même volet prévoit en outre « le renforcement de la coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme dans toutes ses formes et manifestations, et ce, dans le respect du droit international ainsi que par le traitement de ses causes », de combattre le crime transnational dans toutes ses dimensions (blanchiment d'argent, le trafic illicite des stupéfiants, des armes légères...). Au titre de la coopération économique, il est prévu notamment de régler le problème de la pauvreté de façon collective et globale, de promouvoir et faciliter le commerce et l'investissement direct entre l'Asie et l'Afrique, de s'efforcer à réaliser le développement durable, la sécurité alimentaire, le développement rural et l'encouragement de l'établissement d'un forum d'affaires afro-asiatiques dans le but d'augmenter les flux commerciaux et d'investissement entre les deux continents. Le plan d'action du NPSAA insiste par ailleurs sur l'amélioration du dialogue entre les civilisations, y compris entre les religions, dans le but de promouvoir la paix et le développement à travers la compréhension mutuelle et la tolérance entre les sociétés. Au regard de ce nouveau projet, on constate que le non-alignement n'est pas resté figé. Il a pris acte des changements intervenus dans les rapports internationaux. Une mise à jour en fait assez profonde puisqu'elle ne néglige aucun aspect, y compris la démocratie là où il y a un déficit. C'est une autre manière de s'opposer à l'idée de fatalité.