Les exportations chinoises de textile continuent de susciter des craintes en Europe. Le déferlement des produits chinois sur le marché européen inquiète les pays membres de l'Union européenne (UE). Face aux arguments avancés par Pékin, l'UE s'apprête à ouvrir des enquêtes sur la question et menace de mettre en œuvre dans quelques mois, si le dialogue avec la Chine ne trouve pas d'issue, une clause de sauvegarde.La Chine, faut-il le rappeler, est accusée « de contournement des règles du commerce international ». En fait, le commissaire européen pour le commerce, M. Peter Mandelson, a affirmé, vendredi dernier, qu'il va recommander à la Commission européenne l'ouverture d'enquêtes sur les importations de certains produits textiles chinois. « Après avoir analysé de manière détaillée les statistiques dont nous disposons, M. Peter Mandelson a décidé de recommander à la commission d'ouvrir une enquête sur un certain nombre de catégories d'importation chinoise », a déclaré la porte-parole du commissaire, Mme Claude Veron-Reveille. M. Peter Mandelson s'apprête même à en parler avec les ministres européens du Commerce. L'ensemble européen, selon Mme Claude Veron-Reveille, ne procédera pas à l'application de la clause de sauvegarde avant cinq mois. « Nous tenons à respecter la plus stricte légalité pour toute action que nous entreprendrons », précise-t-elle. Parallèlement à l'ouverture des enquêtes, la Commission européenne attend une réaction « positive » des Chinois. Elle compte sur des restrictions volontaires du côté de la Chine. Toutefois, en cas de mésentente, les Européens vont amener l'affaire sur le terrain de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). En tout cas, l'enquête laissera aux antagonistes un délai de 60 jours pour mener des consultations informelles et tenter d'éviter le recours au jugement de l'OMC. Devant les menaces européennes, Pékin n'est pas resté les bras croisés. Le Premier ministre chinois, M. Wen Jiabao, a infirmé, jeudi dernier, toutes les accusations. Lors d'une conférence animée conjointement avec son homologue français, M. Jean-Pierre Raffarin, le chef du gouvernement chinois a déclaré : « Au cours du premier trimestre 2005, les exportations de nos produits textiles vers l'Europe ont augmenté seulement de 50%, alors qu'avant c'étaient 70%. » La Tunisie et la Turquie se mettent de la partie Pour mieux apaiser les esprits, M. Wen Jiabao souligne que depuis la suppression des quotas, « la Chine a pris volontairement des mesures, comme l'augmentation des droits de douanes des textiles afin de limiter ses exportations ». Suite à la fin des quotas dans le secteur, le 1er janvier 2005, les exportations de textile de la Chine ont augmenté de 29% sur les trois derniers mois, mais elles ont bondi de 258% vers les Etats-Unis. La Chine ne fait pas craindre seulement les pays de l'UE. La Tunisie et la Turquie se sont également plaint de l'« envahissement » du marché européen par les textiles chinois. Ces deux pays ont exhorté l'UE à prendre des mesures d'urgence pour mettre un terme à cette situation qui menace leur production nationale. « Nous demandons que l'Europe sorte son artillerie lourde », a lancé, mardi dernier, le ministre tunisien de l'Industrie, Afif Chelbi, devant la commission du Parlement européen. Le ministre tunisien n'a pas caché les appréhensions de son pays quant aux menaces des exportations chinoises sur l'industrie tunisienne du textile. Il a demandé la mise en œuvre urgente de mesures de sauvegarde par l'UE et l'application anticipée de la règle du cumul d'origine. La même demande a été formulée, jeudi dernier, par la Turquie. Les représentants de l'industrie turque du prêt-à-porter ont saisi la Commission européenne pour lui demander l'application immédiate de clauses de sauvegarde face à l'explosion des importations de textile chinois en Europe. « La première vague d'exportation de la Chine vers le marché européen a atteint des dimensions inattendues qui montrent que la Commission européenne doit appliquer en urgence des clauses de sauvegarde avant que toute l'activité et l'emploi (du secteur) dans la zone euroméditerranéenne soient anéantis », a indiqué le document. Les Turcs ont souligné que « ce sont les pays les moins développés et en voie de développement qui ont déjà vu leurs parts de marché se réduire ».