La profonde crise qui secoue, depuis quelques jours, le monde des chauffeurs de taxi fait l'objet de larges discussions auprès des usagers dans la wilaya de Annaba. De la mauvaise prestation de service offerte par les taxis à l'hygiène corporelle des conducteurs et aux comportements indécents qui caractérisent bon nombre d'entre eux en charge d'usagers, est venue s'ajouter la bataille de clochers que se livrent les uns et les autres animateurs de cette corporation. La dissidence de plus de 800 de ces conducteurs initialement affiliés à l'Union générale des commerçants algériens (UGCA), et leur adhésion à l'Union de wilaya UGTA, a mis de l'huile sur le feu. La correspondance adressée aux autorités locales, mercredi dernier, par ces dissidents représentés par Fethi Ould Mériem, donne plus d'ampleur à cette crise dans laquelle les représentants locaux de la centrale syndicale sont partie prenante. Agissant en porte-parole des dissidents, M. Ould Meriem a lancé une mise en garde aux membres de l'UGCA de toute action tendant à perturber le secteur. « Depuis des années, notre activité est ternie par le comportement de certains de nos collègues. Notre wilaya compte 3312 agréments délivrés par la wilaya, dont 2520 sont exploités en zone urbaine, extra-urbaine et en inter wilayas. Nous avons eu la signature de 800 de nos collègues pour adhérer à l'UGTA. », a-t-il indiqué en réponse aux accusations dont il avait fait récemment l'objet. Interrogé sur la médiocrité des prestations de service fournies aux usagers, notre interlocuteur a axer son intervention sur la situation actuelle du secteur des taxis en affirmant que quatorze chefs de station sur les vingt-six existants ont adhéré au mouvement de dissidence. « Dorénavant, tout usager confronté à un mauvais comportement d'un conducteur de taxi peut le signaler à notre syndicat qui prendra les mesures nécessaires. Nous n'avons pas de local, mais chacun peut nous contacter au niveau de la station de taxi », a déclaré M. Ould Mériem. Il a en outre indiqué que l'anarchie dans l'activité du transport par taxi a permis à bon nombre de détenteurs d'agrément de profiter de l'absence de tout contrôle pour utiliser leur numéro dans les trois options inter-urbain, extra-urbain et inter-wilayas. « L'absence de tout contrôle et de réaction du syndicat auquel nous étions initialement affiliés a généré ces dépassements. Tout opposant à cette pratique est systématiquement qualifié de perturbateur. Jamais, notre profession n'a été aussi rabaissée. L'UGCA n'a pas répondu à nos multiples appels de réorganisation et n'a pris aucune mesure pour améliorer notre situation. C'est pourquoi, nous avons provoqué la dissidence et décidé de notre adhésion à l'UGTA qui a accepté de créer une branche des travailleurs du secteur des taxis. Les autorités locales ont été averties de ce changement et de ma qualité de porte-parole », a précisé M. Ould Mériem. « Ils feraient mieux d'entamer une opération de tri pour exclure ceux qui adoptent des comportements indécents vis-à-vis des usagers, particulièrement les femmes. Plusieurs chauffeurs n'hésitent pas à faire des remarques ou des gestes obscènes. J'ai à maintes reprises dénoncé, numéro du taxi à l'appui, ces comportements à la direction des transports et au syndicat. Personne n'a réagi. Beaucoup de ces chauffeurs refusent une destination. Ils privilégient celles où il n' y a pas une grande circulation. Il ne faut surtout pas leur demander de vous transporter vers un lieu en pente. Bien que saisie téléphoniquement ou par écrit, la direction concernée reste de marbre. Apparemment, elle s'intéresse beaucoup plus à la procédure d'octroi des lignes de bus qu'à sanctionner des chauffeurs de taxi truands », a indiqué Mme Soumaya N. mère de famille interrogée à sa descente du taxi.