Quelque 180 000 produits piratés ont été saisis l'année dernière, contre seulement 69 000 durant l'année 2003. Un volume qui correspond à un montant de l'ordre de 60 millions de dinars. Ces supports illicites, dont beaucoup rentrent par les frontières terrestres et maritimes, sont constitués de CD, cassettes, vidéogrammes et logiciels. D'ailleurs, l'Algérie est classée en septième position dans le piratage des logiciels. La première position étant occupée par la Chine (avec 94% du marché de piraterie), suivie de cinq autres pays asiatiques. A l'échelle nationale, ces opérations de saisie ont été menées au niveau des gros marchés et auprès des revendeurs. Comme aussi auprès des ateliers spécialisés en gravage des CD. La réussite de ces opérations a été rendue possible grâce à l'assistance de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) et de la Gendarmerie nationale, comme l'action qui a été menée à 4 heures du matin au niveau du marché d'El Harrach. Toutes ces informations ont été communiquées par Hakim Taoussar, directeur général de l'Office national des droits d'auteur (ONDA) lors d'une conférence de presse conjointe tenue hier à la Bibliothèque nationale du Hamma (Alger) avec Mohamed Ghaieb Aïssaoui, nouveau directeur général de l'Institut national algérien de la propriété intellectuelle (INAPI). Une conférence organisée à l'occasion de la Journée mondiale de la propriété intellectuelle, célébrée le 26 avril de chaque année. Toutefois, des marchés informels, comme celui d'El Eulma ou de Tadjenanet, sont incontrôlables, car nos agents risquent de se faire agresser, affirme le directeur général de l'ONDA. Celui-ci tient à signaler que les agents de cet office, pourtant assermentés, ne peuvent opérer les saisies que sur ordonnance de perquisition. Or, ajoutera-t-il, le temps d'avoir cette ordonnance auprès des services compétents, les auteurs du piratage auront la latitude de faire disparaître les traces matérielles de leur forfait. Une occasion pour le directeur général de l'ONDA de parler de l'existence d'un comité intersectoriel de lutte contre la piraterie, mais qui tarde à être institutionnalisé, indiquera-t-il. Ce comité comprend les représentants du commerce, de la justice, des finances, des douanes, de la DGSN et de la Gendarmerie nationale. L'Algérie est obligée de faire, annuellement, des transferts au profit de certains pays. Le plus important étant vers la France avec 5 millions de dinars pour ce qui est des œuvres musicales. Ce genre d'œuvres que l'ONDA protège maintenant avec la signature de conventions avec trois opérateurs de la téléphonie mobile, en attendant les autres, précise Hakim Taoussar. Sur le registre de la contrefaçon, 60% des textes d'application concernant la lutte contre ce fléau ne sont pas encore prêts, affirme le directeur général de l'INAPI. Mohamed Ghaieb Aïssaoui tient à faire observer que la mission n'est pas du seul ressort de l'organisme qu'il dirige depuis il y a juste un mois. Il évoque avec insistance la question de modernisation de l'INAPI qui travaille avec des méthodes archaïques, dira-t-il. Car à l'ère des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), il est impensable qu'on travaille encore avec des tonnes de paperasse, ajoute le directeur général de l'INAPI. Il annoncera dans ce cadre que deux décrets sont en préparation, dont l'un concerne l'évaluation de la conformité et le second les problèmes d'accréditation. Ceci en plus d'une étude qui a été confiée à la coopération allemande GTZ pour cerner les faiblesses et les forces ainsi que les opportunités et les risques. Etablissant une corrélation entre le dépôt des marques et les relations commerciales, Mohamed Ghaieb Aïssaoui révélera que sur les 100 000 marques ayant atterri à l'INAPI, la plupart proviennent de pays comme la France, les Etats-Unis, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Suisse. C'est-à-dire, expliquera-t-il, 10% seulement reviennent aux Algériens. A ce sujet, il indiquera que sur 4000 brevets, il y a 489 qui sont nationaux, et sur 18 4976 marques, seulement 18 000 sont algériennes.