A Alger, pour célébrer un mariage ou une circoncision dans une salle des fêtes, mieux vaut s'y prendre bien à l'avance. Les week-ends, surtout ceux compris entre juin et septembre, sont déjà réservés par les clients depuis plusieurs mois. « Tous les jeudis et vendredis de l'année 2005 sont déjà retenus depuis novembre 2004 », nous révèle le gérant de la salle des fêtes Victor Hugo, un ancien garage. La demande est très forte et le créneau juteux. A notre arrivée dans cette salle, deux femmes sont en pourparlers avec le gérant. Faute de n'avoir pu obtenir une réservation pour un jeudi ou un vendredi, elles se sont rabattues sur un lundi du mois d'août prochain. Les détails de la cérémonie réglés, elles versent une caution et signent un contrat qui stipule qu'en cas de report ou d'annulation, quel que soit le motif (décès ou autres), le prix de la salle sera divisé en deux, 50 % pour la salle et 50 % pour le client. Reste donc à prier pour qu'aucune « catastrophe » ne survienne avant le jour J ! « Cela nous coûtera 159 000 DA pour un dîner de 200 personnes », confie une dame devant célébrer le mariage de son fils dans cette salle. « C'est un peu cher, mais comme la salle est agréable, nous avons sauté le pas. » Ici, la salle réservée à la cérémonie se trouve dans l'entre-sol. Juste au-dessus, il y a une soupente, espace réservé généralement aux hommes. La particularité de cette salle, c'est la présence d'un ascenseur. Il se trouve à l'entrée et permet à la mariée ou au couple, c'est selon, de rejoindre directement la salle, à sa descente de voiture. De quoi faire une entrée fracassante et en mettre plein la vue aux invités. « La plupart des clients louent notre salle spécialement pour cet ascenseur », précise le gérant. Côté tarifs, les prix sont comme suit : location de la salle et collation (limonade, café, thé) de 14 h à 19 h : 39 000 DA, pour 200 personnes. « Pour chaque invité supplémentaire, prévoir 100 DA de plus en après-midi et 690 DA par personne, en soirée », nous dit notre interlocuteur. Et d'ajouter : « Beaucoup de clients, par manque d'espace et de commodités chez eux, choisissent d'organiser la fête dans notre salle. Certains optent pour la formule tasdira, de 14 h à 19 h, enchaîné directement par un dîner. Le menu se compose d'une salade, d'une chorba frik et d'un couscous, cela revient à 150 900 DA pour 200 personnes. Pour chaque invité de plus, il faut compter 690 DA supplémentaires. » Les samedi et dimanche étant des journées mortes, la direction de cette salle a eu l'idée d'offrir l'animation (disc jokey) à tout client réservant la salle pour l'une de ces deux journées. Si cette salle abrite à 80 % des mariages et des circoncisions, elle est louée également pour d'autres événements « spectacles de clowns pour enfants ventes aux enchères, célébration du réveillon » sont également au programme, confie le gérant. Côté client, un seul regret, le manque d'aération de cette salle se trouvant dans un sous-sol. « Quand il y a trop d'invités, l'air y devient irrespirable », s'exclame une femme qui y a organisé les noces de son fils, l'été dernier. Nous continuons notre prospection. A la rue Khelifa Boukhalfa, un self-service capte notre attention. « Pour vos fêtes, noces et banquets », peut-on lire sur la devanture. Le self-service s'ouvre sur une première salle où trônent 2 fauteuils en velours rouge destinés aux couples mariés. Deux autres salles, dont l'une est assez petite, sont proposées aux clients. A l'étage, se trouvent les sanitaires et une petite chambre où la mariée change de tenue pour l'incontournable défilé : « Nous pouvons accueillir jusqu'à 300 personnes dans les 3 salles, nous révèle Sofiane, le propriétaire, quant aux tarifs, ils s'élèvent à 35 000 DA pour louer la salle en après-midi et 50 000 DA pour la formule après-midi et soirée. » Des menus « spécial fête » sont élaborés. « 360 par personne pour un couscous et une limonade ; 620 Da si le menu englobe un hors-d'œuvre, une chorba, un couscous et un dessert », explique notre interlocuteur qui ajoute : « Au moment de la réservation, le client verse une caution de 20 000 DA. » S'autoriser une cérémonie à grands coups de millions n'est pas à la portée de tous. Dans certaines entreprises, les œuvres sociales louent des espaces à leurs employés. La cantine de la SNTF, située au 33, rue Hassiba Ben Bouali, se transforme tous les week-ends, notamment l'été, en salle des fêtes. « Elle est gérée par le syndicat national de la SNTF et s'adresse uniquement aux cheminots et leur famille », nous explique le gérant du foyer des chemins de fer. Et comme partout ailleurs, les week-ends d'été sont déjà réservés. « C'est overbooked, nous confie notre interlocuteur. Pour louer un après-midi ici, il faut s'y prendre bien à l'avance. Les prix sont raisonnables. Cela coûte 10 000 DA pour un employé en activité et 7000 DA pour un retraité ou sa veuve ! », et d'ajouter : « Après une demande manuscrite l'intéressé fournit une pièce justificative concernant la fête. Et comme nous ne manipulons guère les espèces, le règlement se fait uniquement par chèque. » Une formule applaudie par les petites bourses qui n'auront pas à trop s'endetter pour célébrer un mariage.